samedi 18 mai 2013

Les quatre offshores du baron de Libramont


Depuis 1996, un conseiller communal de Libramont, apparenté au MR, est prête-nom dans quatre panaméennes. Des fortunes belges se cachent-elles derrière cet ancien avocat?

C’est un gîte de charme dans la région de Libramont. Si vous le réservez un jour pour un weekend nature, vous serez accueilli par le baron Edouard de Fierlant Dormer, propriétaire des lieux. Depuis deux législatures, ce grand amateur de chasse en battue proche de la cinquantaine est conseiller communal à Libramont-Chevigny sur la liste Chevi, apparentée au MR. Ce juriste occupe aussi la fonction de secrétaire général du RTL Group au Grand-Duché.

Mais depuis mars 1996, le baron de Fierlant est également trésorier de quatre obscures panaméennes. Leurs noms invitent au voyage: Sevilla World Holding, Languedoc Holding, European South-West Ltd et Merchandise World Holding. A l’époque, il était, dit-il, «avocat généraliste» au Grand-Duché au sein du cabinet de Victor Elvinger et Catherine Dessoy, eux aussi administrateurs de ces offshores. Edouard de Fierlant reconnaît bien y avoir siégé, mais affirme avoir quitté le cabinet en 2001.

Suite à l’appel de Marianne, il a pris contact avec ses anciens collègues pour clarifier la situation. «Trois offshores auraient disparu, nous dit-il. Et la quatrième, Sevilla, n’a pas d’activités ni de clients. On a oublié de me “démissionner” après mon départ.» Le Registre panaméen des sociétés indique pourtant qu’elles sont toujours toutes actives.

Edouard de Fierlant aurait-il pu servir de prête-nom à des clients belges? «Si je le savais, je ne pourrais pas vous le dire: secret professionnel. Mais là, c’est encore plus simple: je n’en sais rien. Je ne travaillais pas dans le département qui s’occupait de la gestion de patrimoine.» Avait-il conscience qu’en devenant prête-nom pour des clients, il pouvait prendre le risque de se rendre complice de fraude fiscale? L’ex-avocat esquive la question, invoquant le droit panaméen pour analyser sa responsabilité d’administrateur. Avant de reconnaître qu’il ne sait pas ce que ce droit dit exactement.
D.L. et Q.N.

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