mercredi 30 décembre 2009

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Climate Business




Bruxelles, mercredi 28 octobre 2009. Au départ, l’idée était simple: aller à la rencontre du «big business» européen lors de la conférence annuelle de son principal lobby, BusinessEurope. Prendre la température de la communauté des affaires à six semaines du rendez-vous crucial de Copenhague, où les Etats-Unis ont lamentablement provoqué l'avortement du petit frère du protocole de Kyoto. Réaliser ensuite un sujet d’ambiance d’une dizaine de minutes pour CEO TV, un nouveau webmédia auquel j’ai le plaisir de contribuer.

Raté.

A peine avions-nous notre badge d’accréditation autour du cou qu’une trentaine de manifestants prenaient d’assaut le Charlemagne, ce building de la Commission à l’imposant manteau de verre situé en contre-bas du Berlaymont. Très vite, les accès au bâtiment furent bloqués.

Suspendues à des ballons d’hélium dans le hall d’entrée, des alarmes stridentes se mirent à hurler l’alerte climatique pendant que des membres du collectif informel «Climate Alarm!» distribuaient des tracts, sur le trottoir et à l’intérieur du Charlemagne, aux technocrates et conférenciers ébahis voire irrités par tant d’outrecuidance.

Ce blocus non violent, qui a duré une heure trente, a fortement amputé les rangs de l’amphithéâtre jusqu’en milieu de matinée. Les forces de l’ordre ont fait usage de lacrymos pour déloger les manifestants qui bloquaient, avec de simples cales en bois, les deux portes tambour donnant accès au bâtiment. Bilan: 23 arrestations administratives, deux blessés et un joyeux bordel.

Au grand dam de BusinessEurope, plusieurs «taupes» s’étaient inscrites à la conférence. Et l’ont perturbée de façon non violente via chants, numéros de clowns ou questions de fond adressées aux orateurs — genre: «Est-il bien rationnel de laisser les entreprises — des entités gouvernées par le profit à court terme — influencer les négociations de Copenhague, qui impliquent fondamentalement une prise en compte du très long terme?».

Invité à participer à un panel en matinée, l’eurodéputé luxembourgeois Claude Turmes (Verts-ALE) a exprimé son vif soutien aux manifestants, et fustigé le manque d’ambition de BusinessEurope sur la question climatique. Une absence d’appétence dont la confirmation éclatante est sortie fin d’après-midi de la bouche même du directeur général du lobby patronal. Perché à la tribune, le baron Philippe de Buck van Overstraeten demanda instamment à un José Manuel Barroso fraîchement arrivé et assis en hâte au deuxième rang, «de ne pas aller trop vite vers l’objectif de moins 30%» d’émissions de gaz à effet de serre adopté par la Commission en janvier 2009.

Pour rappel, les Etats membres se sont engagés à réduire leurs émissions de 20% d’ici à 2020 (par rapport à 1990) – un chiffre qui pourrait grimper à -30% en cas d’accord international ambitieux et contraignant. Entériné à Mexico fin 2010?


Climate Business (29’). Avec: Philippe de Buck van Overstraeten (directeur général, BusinessEurope), José Manuel Barroso (président de la Commission européenne), Stavros Dimas (commissaire européen pour l’Environnement), Karl Falkenberg (directeur général, DG Environnement), Claude Turmes (Eurodéputé, Verts-ALE), Graeme Sweeney (Shell), Dominique Mockly (Areva), Jason Anderson (WWF), Roland Verstappen (ArcelorMittal), Philippe de Casabianca (CEFIC), Wolfgang Weber (BASF), Eric De Ruest (Climate Alarm!)...

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samedi 19 décembre 2009

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Coup d’Etat raté (de peu) à Copenhague


COPENHAGUE — Les Etats-Unis, l’Inde, la Chine, le Brésil et l’Afrique du Sud, soit cinq poids lourds des 194 juridictions signataires de la Convention-cadre de l’ONU sur les changements climatiques (UNFCCC), se sont mis d’accord vendredi peu après 22 heures sur une simple feuille de route jetant les bases d’un éventuel futur accord international sur le climat fin 2010. Ce que l’on sait moins, c’est que faute de consensus la plénière n’a pas adopté formellement ce texte.

Le document, intitulé abusivement «Copenhagen Accord», «reconnait le point de vue scientifique» selon lequel il est nécessaire de limiter le réchauffement planétaire à 2 degrés en 2100 par rapport aux niveaux pré-industriels. Mais il ne s’engage pas formellement en ce sens, ni ne fixe le moindre objectif de réduction d’émissions de gaz à effet de serre pour les pays industrialisés à l’horizon 2020.

L’«accord des Cinq» prévoit en outre de débloquer une enveloppe de 30 milliards de dollars au cours des trois prochaines années afin d’aider les pays en développement à lutter contre le réchauffement. Cette enveloppe devrait gonfler pour atteindre 100 milliards par an à partir de 2020.

La France s’est immédiatement alignée sur les Cinq, suivie quelques heures plus tard par une Union européenne pourtant humiliée par un deal dont elle a délibérément été exclue (son leadership international sur la question climatique agace les autres grandes puissances).

Conférences de presse sans journalistes

La nouvelle d’un «accord» à peine tombée sur le fil d’Associated Press, le président français Nicolas Sarkozy donnait une conférence de presse organisée à la hâte à l’hôtel Crowne Plaza semble-t-il, à quelques encablures du Bella Center qui abrite la conférence depuis deux semaines. Le président étasunien Barack Obama s’est également fendu d’un «briefing presse» dans un endroit indéterminé (la Maison Blanche indique qu’il s’agit du Bella Center bien que la presse internationale présente sur place n’ait pas été conviée et que le décor neutre d’arrière-plan ne corresponde pas à celui du COP15) devant au moins trois journalistes étasuniens (Jeff Mason de Reuters, Jennifer Loven d’Associated Press et Helene Cooper du New York Times sont mentionnés dans le compte-rendu; lors de la diffusion sur le réseau télé interne du Bella Center, aucun contre-champ n’a montré à qui Obama parlait).

En choisissant de ne s’adresser qu’à quelques journalistes nationaux triés sur le volet, les deux leaders politiques ont habilement échappé aux questions potentiellement féroces de la meute de journalistes internationaux parqués au Bella Center.

Chose importante, l’«accord des Cinq» n’a pas été formellement adopté en séance plénière par les délégués des 194 signataires de l’UNFCCC, faute de consensus. La conférence des parties a «pris acte» («takes note», en anglais et en italiques dans le texte) du document samedi matin vers 10h45, après une nuit de négociations tendues, agrémentées de plusieurs (longues) interruptions de séance et un changement de présidence.

Un «holocauste» pour l’Afrique

Tuvalu, Cuba, le Venezuela, la Bolivie et le Soudan ont mené la fronde en attaquant sévèrement le texte, tant sur le fond (trop vague, peu ambitieux et non contraignant) que sur le processus qui l’a engendré (la plénière n’a jamais donné mandat à la présidence danoise de déléguer à un petit groupe de nations le soin de rédiger les bases d’un accord pour tout le monde).

Le Soudan en a choqué plus d’un en comparant les conséquences de l’accord des Cinq à un futur holocauste pour l’Afrique, demandant illico à l’ONU d’«incinérer ce document [de son] système».

Sous la pression, Tuvalu s’est rétracté vers 7h30 du matin, mais les autres frondeurs ont campé sur leurs positions, empêchant ainsi la plénière d’atteindre un consensus pour adopter formellement le texte.

Le site officiel de l’UNFCCC mis à jour samedi après-midi confirme bien que la plénière n’a pas entériné l’accord des Cinq. Un tableau reprend les différentes décisions formellement adoptées par la Conférence des parties. L’«Accord de Copenhague» ne figure pas dans ce tableau mais est publié isolément sous celui-ci.



Dans les faits, les travaux de la Conférence des parties vont se poursuivre normalement. Ils pourraient se cristalliser sous la forme d’un accord contraignant lors de la COP 16 (la conférence annuelle des signataires de l’UNFCCC) qui se tiendra à Mexico en novembre 2010. Mais absolument rien n’est joué.

(Mis à jour les 20 et 21/12/2009)

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dimanche 13 septembre 2009

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Trois listings Clearstream sur Internet


A une semaine du procès Clearstream, l’internaute lambda qui «google» judicieusement la toile peut tomber sur trois listings originaux de la très privée chambre de compensation internationale. Clearstream est-elle l’institution financière luxembourgeoise la plus «fuitée» de la planète?

Le fameux listing Clearstream de 2001, celui-là même qui fut par la suite trafiqué pour mouiller Nicolas Sarkozy dans l’affaire des frégates de Taïwan, est librement accessible dans un recoin perdu d’Internet. Tout comme le listing de 1995 à l’origine de l’enquête de Denis Robert. Avec le «petit dernier» de 2004, qui mentionne une mystérieuse Bank Madoff, cela fait trois listings Clearstream téléchargeables aujourd’hui par le commun des mortels. Trois documents sensibles que la chambre de compensation internationale basée à Luxembourg et Francfort aurait sûrement préféré garder secrets.

Le plus étonnant, c’est que deux de ces listings – ceux de 1995 et 2001 – sont en ligne depuis plus de trois ans. Ils ont été publiés respectivement en mai et juin 2006 par le New-Yorkais John Young sur son site Cryptome – qualifié à l’époque de «site Internet le plus dangereux du monde» par le magazine Radar. Le troisième listing, daté de 2004, a quant à lui été «fuité» il y a quelques mois sur le portail étasunien Wikileaks.

Dans une lettre datée du 11 juillet 2006, l’avocat new-yorkais de Clearstream menaçait Young de poursuites judiciaires s’il ne retirait pas illico de son site les deux listings de 1995 et 2001. «Ces documents sont des tableaux Excel contenant des informations confidentielles sur nos clients, obtenues de Clearstream par des voies détournées», précisait Paul Hessler du cabinet Linklaters – authentifiant par là même les deux documents. Mais voilà, si les fichiers litigieux ont bien été ôtés des serveurs new-yorkais pilotés par Young, des copies figurent toujours sur un obscur serveur «miroir» situé en Autriche...

Prolifération des comptes non publiés

Le listing de 1995, qui est à l’origine de l’enquête fleuve — trois livres — du journaliste Denis Robert, contient 4.146 comptes clients ouverts directement auprès de la chambre de compensation. Outre les noms, numéros et statuts des comptes (publié/non publié), il renseigne également les noms et adresses des gestionnaires officiels des comptes.

Sur ces 4.146 comptes, 2.215 (53%) sont «publiés» (c’est-à-dire qu’ils figuraient à l’époque dans la liste de comptes mise à disposition des utilisateurs du réseau Clearstream), 1.926 comptes sont «non publiés» (hors liste officielle, donc connus des seuls initiés) et cinq ont un statut indéterminé (dû à des erreurs d’encodage).

En avril 2006, à titre de comparaison, Clearstream indiquait au journal Le Monde disposer de 5.542 comptes ouverts, dont 3.239 non publiés. Ce qui fait 42% de comptes publiés. Par rapport aux 53% de 1995, la baisse est significative. En fait, sur les 1.396 nouveaux comptes ouverts en 11 ans, l’immense majorité — 1.308 comptes, soit 94% — sont des comptes non publiés.

Pour rappel, les comptes non publiés sont soit des «sous-comptes» de comptes officiels (publiés) visant à faciliter les transferts entre filiales d’une banque et de sa maison mère, soit des comptes qui ne se rapportent à aucun compte officiel. Une banque peu scrupuleuse pourrait ainsi ouvrir des comptes non publiés, sous son nom et sa responsabilité, derrière lesquels se dissimuleraient des clients privilégiés. Ceux-ci auraient alors toute latitude de transférer des fonds n’importe où dans le monde, en toute opacité, à d’autres particuliers utilisant le même stratagème...

Recel de vol et d’abus de confiance

Le listing de 2001 (et non de 2002 comme annoncé à tort par Cryptome) est lui beaucoup plus large: il contient 33.340 comptes dont la très grande majorité sont des comptes de «contreparties», c’est-à-dire des comptes non ouverts directement chez Clearstream mais chez un autre dépositaire central avec lequel un client de Clearstream peut effectuer des opérations. C’est le cas par exemple d’Iberclear en Espagne, de la DTCC aux Etats-Unis, de Monte Titoli en Italie, etc.

Cet «annuaire financier» de plus de 33.000 références est en réalité le fameux listing obtenu par Florian Bourges, un ancien stagiaire chez Arthur Andersen qui a participé à l’audit de Clearstream en 2001. Bourges aurait d’abord remis le document à Denis Robert, puis à l’ex-trader Imad Lahoud qui a reconnu l’avoir falsifié en y ajoutant le nom de plusieurs personnalités, dont Nicolas Sarkozy, pour suggérer qu’elles auraient touché des commissions ou rétro-commissions lors de l’achat par Taïwan, en 1991, de six frégates à Thomson CSF.

Le simple fait de posséder une copie de ce listing a valu à Denis Robert une mise en examen en décembre 2006 pour «recel de vol de documents bancaires» et «recel d’abus de confiance». En conservant ce listing, Florian Bourges (lui aussi mis en examen pour les mêmes motifs) aurait en effet «volé» ce document à Clearstream et, ce faisant, «abusé» de la confiance de son employeur d’alors (Arthur Andersen). C’est du moins le point de vue des juges français Jean-Marie d’Huy et Henri Pons en charge de l’affaire Clearstream 2. Le procès, qui verra notamment Dominique de Villepin en «vedette» dans le box des accusés, se déroulera du 21 septembre au 21 octobre prochains devant la 11e chambre du tribunal correctionnel de Paris.

Le compte 62.619 de l’énigmatique Bank Madoff

Fin 2008, un nouveau listing Clearstream, jusqu’ici inconnu, a fait irruption sur le site étasunien Wikileaks. Publié sous la forme d’un fichier PDF de plus de mille pages, le listing recense quelque 38.838 comptes de contreparties en date du 1er juillet 2004. L’authenticité du document a été confirmée il y a quelques mois par Clearstream.

A la page 712 du listing figure une référence intrigante: le compte 62.619 ouvert au nom d’une énigmatique «Bank Madoff» à New York. Contacté par Médiattitudes, l’administrateur judiciaire Irving Picard se refuse à tout commentaire sur le rôle éventuel de cette mystérieuse banque dans l’escroquerie pyramidale fomentée par l’ex-star de Wall Street.

L’éventualité de mettre les autoroutes de la finance globalisée sous tutelle publique internationale n’a pas du tout été envisagée par le G20 lors de sa réunion «historique» du 2 avril dernier, pas plus qu’elle ne figure à l’agenda de sa prochaine réunion à Pittsburgh les 24 et 25 septembre prochains.


Les trois listings Clearstream disponibles en ligne:



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dimanche 26 juillet 2009

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Des subsides à gogo, mais surtout pas d’impôts...



Côté cour, Philippe Stoclet, petit-fils du commanditaire du palais Stoclet, fait du lobbying politique et médiatique pour que les pouvoirs publics rachètent l’immeuble et son mobilier pour 100 millions d’euros, et restaurent le tout. Côté jardin, cet ancien financier a caché pendant 15 ans des millions de dollars au fisc dans un trust aux îles Caïman.

Dix millions. En euros, ce serait le coût global estimé de la restauration complète du palais Stoclet, ce joyaux architectural de l’avenue de Tervueren que l’Unesco vient d’inscrire au patrimoine mondial de l’humanité. En dollars, c’est la coquette somme que Philippe Stoclet, 78 ans, petit-fils du premier propriétaire du palais, avait placée en 1999 dans un trust des îles Caïman, selon les documents d’un ex-banquier suisse.

Philippe Stoclet et ses fils sont les derniers descendants mâles à porter le patronyme de leur grand-père et arrière-grand-père Adolphe Stoclet, l’ingénieur et banquier belge qui fit construire le palais éponyme en 1905 avec un budget illimité. Mais ils ne sont pas pour autant héritiers de cet immeuble prestigieux : en 1951, la branche de Philippe Stoclet a revendu ses parts – meubles et argenterie compris – à son oncle Jacques, le père des quatre héritières.

Mais Philippe, unique petit-fils, aîné de sa génération, se considère l’héritier «moral» du palais. Il y a vécu ses quinze premiers printemps et a toujours été très attaché à sauvegarder ce chef-d’œuvre architectural irrévocablement lié à son nom et à la mémoire de ses grands-parents. Quitte à se muer en lobbyiste. «J’ai rendu visite à plusieurs occasions au ministre-président de la Région de Bruxelles-Capitale, Charles Picqué, pour le pousser à introduire le dossier à l’Unesco, et à l’activer», explique-t-il.

(...)

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Version Belga (avec commentaires)
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mardi 2 juin 2009

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Quand des supporters wallons entonnent les slogans de l’extrême-droite flamande



On se souvient des chants footballistiques très fins «les Wallons c’est du caca» et «les Wallons sont pédophiles», scandés il y a quelques mois par des supporters flamands fort «inspirés» lors des matches Tubize-Genk et Virton-Antwerp.

Cette fois, ce sont des supporters wallons qui s’illustrent en versant une nouvelle louche d’huile sur le feu communautaire.

En déplacement à Tienen (Tirlemont) le 26 avril dernier, les supporters du RFC Liégeois ont entonné en chœur «Les Wallons ne travaillent pas (...), et les Flamands travaillent pour nous!». Mettant en «musique» le fond de commerce anti-wallon du Vlaams Belang ou de la N-VA — laquelle soutenait déjà les premiers dérapages à connotations racistes des cops flamingants.

Est-ce parce qu’ils furent battus 4-1? Toujours est-il que les supporters du RFC Liégeois sont passés maîtres dans la provocation vicieuse («OK, tu gagnes aujourd’hui, mais je te rappelle mon gars que c’est toi qui paie mon chômage et mes factures, et je t’emm...»). Provocation minable qui en dit long sur l’état de l’orgueil wallon en 2009.

Selon la Banque nationale de Belgique, la Wallonie reçoit 5,8 milliards d’euros par an de la Flandre grâce aux transferts financiers entre Régions. Une solidarité nord-sud qui répond à celle — sud-nord — qui prévalût des décennies durant jusqu’aux années 80.

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mardi 26 mai 2009

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Bourse CO2: 1,2 milliard de bonus pour ArcelorMittal grâce au chantage à l’emploi



C’est le monde à l’envers. Alors que les émissions de CO2 d’ArcelorMittal sont en hausse depuis 2005 (+7,5%), le système européen d’échange de quotas d’émissions, censé pénaliser les gros pollueurs, aurait rapporté plus de 1,2 milliard d’euros, en cash et en titres, au numéro un mondial de l’acier ces quatre dernières années. Décryptage d’un hold-up environnemental qui carbonise le principe du «pollueur-payeur».

A lire sur

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lundi 18 mai 2009

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Non-interview exclusive de Benoît Lutgen

Cela fait maintenant près d’un mois que j’essaye d’obtenir une réaction du cabinet du ministre wallon de l’Environnement (le social-chrétien Benoît Lutgen) à une réalité sociale et environnementale de premier plan pour la Wallonie.

Le pitch: le géant de la sidérurgie ArcelorMittal va fermer «temporairement» de nombreuses installations industrielles pour lesquelles la multinationale a reçu gratuitement, pour couvrir ses besoins, des millions de permis d’émission de CO2 de la Région wallonne et du gouvernement fédéral. Des permis que le sidérurgiste avait exigés en contrepartie de la réouverture, en février 2008, du haut-fourneau n°6 à Seraing – l’un des 12.000 sites industriels les plus polluants de l’Union européenne forcés de participer au système d’échange de quotas d’émissions mis en place par Bruxelles en 2005.

Un permis permet d’émettre une tonne de CO2. Si ces permis alloués gratuitement ne sont pas utilisés (diminution subite de la demande d’acier, délocalisation économique délibérée, etc.), ils peuvent être revendus au prix du marché. La valeur moyenne d’un permis est estimée à 29 euros au cours de la période 2009-2012, mais beaucoup plus au-delà (à commencer par 42 euros en 2013).

In fine, ces permis sont payés par les consommateurs d’électricité – vous, moi, les entreprises. En effet, ce sont les centrales électriques au charbon et au gaz qui sont les principales acheteuses de permis. Résultat, elles en répercutent directement le coût aux consommateurs. D’où ces questions à cinquante centimes: le numéro un mondial de la sidérurgie remboursera-t-il les 25% de permis du HF6 qu’il a reçus en 2008 mais n’a pas utilisés en janvier et février (avant la réouverture) et en décembre (après la refermeture)? Remboursera-t-il une partie des permis des installations qu’il s’apprête à fermer en 2009?

Ces questions apparaissent d’autant plus brûlantes que, dans les prochains jours, le sidérurgiste fermera – entre autres – le deuxième haut-fourneau liégeois (le HFB d’Ougrée) et sa chaîne d’agglomération, l’aciérie et le laminoir à chaud de Chertal, et que, par ailleurs, le site hennuyer de Châtelet est menacé à moyen terme.

Une dizaine de courriels et autant de coups de fils – pourtant très courtois – adressés à son cabinet, son attachée de presse et son administration n’y feront rien: le «Daniel Ducruet» de la politique wallonne, comme l’a surnommé le journal satyrique Pan, reste muet dans toutes les langues. Et ce malgré plusieurs promesses fermes de réponse de son attachée de presse Audrey Jacquiez. Apparemment, c’est lui qui décide quand il parle et de quoi il parle, même en campagne électorale (Benoît Lutgen est tête de liste aux régionales dans la circonscription d’Arlon-Marche-en-Famenne).

Que les syndicats belges FGTB et CSC aient manifesté en front commun le 11 mai à Namur, le 12 mai à Luxembourg devant le «château» d’ArcelorMittal et le 15 mai à Bruxelles, ne l’a guère incité à sortir du bois.

J’avais entre autres promis au ministre Lutgen et à son attachée de presse de publier l’intégralité de son interview sur ce blog. Fidèle à mes engagements, la voici:

Question 1: La quantité de quotas attribuée à chaque installation émettrice de CO2 a été déterminée pour la période quinquennale 2008-2012 dans l’Arrêté du Gouvernement wallon du 11 septembre 2008 dont vous êtes chargé de l’exécution:
http://environnement.wallonie.be/LEGIS/air/air023.htm
Comment sont distribués concrètement les quotas aux installations (en une fois? en cinq fois, annuellement?) et à quelle(s) date(s) exactement? [sachant qu’une fois alloués ils ne peuvent être repris]

Benoît Lutgen: ...

Q2: Est-ce que l’octroi des permis d’émission de CO2 à ces installations industrielles est conditionné au maintien de l’emploi/de l’activité? Si oui, selon quels critères exactement? Si non, pourquoi?

Benoît Lutgen: ...

Q3: ArcelorMittal a décidé de fermer temporairement, en mai 2009, des installations en Région wallonne:
- le deuxième haut-fourneau liégeois (HFB d’Ougrée) sera arrêté pour la fin mai au plus tard;
- arrêt de la chaîne d’agglomération d’Ougrée,
- arrêt de l’aciérie,
- arrêt du laminoir à chaud de Chertal,
- production de la cokerie réduite de 50%.
On parle à présent d’une fermeture possible du site de Châtelet.
ArcelorMittal va-t-il devoir "rembourser" une partie des quotas perçus en 2008 et 2009 pour ces installations? Si oui, selon quelles modalités? Si non, pourquoi et que comptez-vous faire?

Benoît Lutgen: ...

Q4: Que pensez-vous du fait qu’ArcelorMittal est, depuis 2005, le plus gros bénéficiaire du système européen d’échange de quotas d’émissions (ETS)? Selon les chiffres officiels de la Commission, ces quatre dernières années ArcelorMittal a accumulé un surplus de 78,6 millions de permis (...) [au sein de l’Union européenne; permis qu’il peut revendre au prix du marché]

Benoît Lutgen: ...

Q5: Selon Reuters, ces surplus proviennent essentiellement du lobbying agressif de la compagnie aux niveaux européen et national, l’arme principale de Lakshmi Mittal étant le spectre des délocalisations:
http://www.reuters.com/article/latestCrisis/idUSL9933905
Que peut encore le politique face à une telle situation?

Benoît Lutgen: ...

Q6: Le 27 mars dernier la Commission européenne s’est opposée à l’allocation de quotas au HF6 de Seraing (installation 116, permis WAI011P037):
"The Commission found that the corrections notified for installation No. 116 (Permit no. WAI011P037) are inadmissible because they are not in accordance with the methodologies set out in Belgium’s National Allocation Plan and the 2009 allocation can not be reduced for installations No. 182 (Permit no. WAI098P1 07) and No. 203 (Permit no. VL409) because the allowances were already transferred to the accounts of the installations."
http://ec.europa.eu/environment/climat/emission/pdf/nap2008/be.pdf
La Région wallonne a-t-elle une parade pour quand même attribuer des quotas? Si non, que comptez-vous faire pour en attribuer à ArcelorMittal une fois que la reprise sera là (si vous êtes reconduit dans vos fonctions)?

Benoît Lutgen: ...

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vendredi 27 février 2009

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Des fonds de Madoff auraient transité par Bruxelles via Euroclear

Le véhicule serait une mystérieuse «Bank Madoff» qui sème la zizanie entre Clearstream et Euroclear



L’auteur présumé de la plus grande fraude pyramidale de l’histoire de Wall Street, le financier new-yorkais Bernard Madoff, avait-il un compte ouvert à Bruxelles dans la chambre de compensation internationale Euroclear? C’est en tout cas ce qu’affirme Clearstream, sa rivale installée à Luxembourg et Francfort.

Tout commence avec l’apparition d’un listing, fin décembre 2008, sur le site Wikileaks.org. Cette plateforme de publication anonyme, gérée et vérifiée par des journalistes professionnels, permet aux «lanceurs d’alerte» de «fuiter» des documents confidentiels qu’ils jugent d’utilité publique. (...)

La suite sur Rue89


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