dimanche 2 décembre 2007

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La saison des casseroles

La fin de l’année et son cortège de bilans en tout genre approchent à grand pas. Aussi, des deux côtés de l’Atlantique, plusieurs ONG soucieuses d’éthique et de transparence démocratiques organisent-elles un scrutin. Son but? Désigner les pires personnalités, lobbies ou institutions dont les activités en 2007 ont visé à influencer l’opinion publique ou les décideurs politiques au bénéfice d’intérêts strictement particuliers. Bref, à pervertir discrètement la démocratie.

Ainsi, sur le Vieux Continent, le Prix du Pire lobbying de l’Union européenne 2007 sera décerné par quatre ONG internationales (1) ce mardi 4 décembre à Bruxelles (dès 18h30 au bar du Botanique, pour les curieux). En lice, une éminente personnalité belge et européenne, qui a des allures de favori: le vicomte Etienne Davignon. Son tort? Etre l’un des conseillers spéciaux du commissaire Louis Michel sur «le rôle du secteur privé dans le développement économique de l'Afrique subsaharienne», alors même qu’il est actionnaire (pour plus de 350.000 euros) et membre du conseil d’administration de Suez, une multinationale qui cherche à développer de nouveaux marchés énergétiques notamment... en Afrique subsaharienne (dixit son Rapport annuel 2006, pages 54 et 69). Conflit d’intérêt? La Commission s’en est défendue. Mais n’a guère convaincu...

Les challengers de l’ex-vice président de la Commission sont le trio BMW-Daimler-Porsche (qui cherche par tous les moyens, et avec succès jusqu'ici, à repousser des mesures contraignantes sur les émissions moyennes de CO2 des nouvelles voitures commercialisées en Europe), le pétrolier espagnol Repsol (qui a poussé Bruxelles à promouvoir largement les agrocarburants industriels), l’Association européenne des cabinets de conseil en affaires publiques (EPACA) et l’agence bruxelloise de lobbying Cabinet Stewart (qui luttent toutes deux activement contre un projet de législation visant à rendre transparent le lobbying européen à Bruxelles).

Un second prix, celui du pire «écoblanchiment» (néologisme québécois pour traduire greenwashing), couronnera le champion 2007 de l’hypocrisie écologique. Les nominés? Les pétroliers ExxonMobil (Esso) et Shell (pour des pubs mensongères avérées), le géant britannique de l’armement BAE Systems (pour la promotion de ses «balles écologiques sans plomb»), Airbus (pour son A380 «propre» et «écologique») et le lobby allemand de l’industrie atomique (qui se présente comme le «protecteur du climat» dans la presse teutonne). Tous ont été conviés à venir dire un mot sur scène en cas de victoire lors de la cérémonie...

Aux Etats-Unis, c’est le Center for Media and Democracy, une association auscultant depuis des années le «monde trouble des relations publiques», qui décernera très prochainement ses Falsies Awards 2007. Littéralement, le terme falsies désigne des prothèses mammaires. Une image pour qualifier tous ceux qui cherchent à se faire passer pour ce qu’ils ne sont pas. Comme la Clean and Safe Energy Coalition (qui, sous couvert d’écologie, fait la promo de l’atome en ayant recruté un cofondateur de Greenpeace qui a retourné sa veste), les entreprises qui ont trafiqué Wikipedia (décelables grâce au génialissime WikiScanner), le lobby du lait en poudre pour bébés et le géant pharmaceutique Merck (qui tous deux financent de fausses associations citoyennes faisant la promo de leurs produits) ou encore Philip A. Cooney (le lobbyiste de l’industrie pétrolière engagé par la Maison blanche et qui a réécrit des rapports officiels sur le réchauffement climatique)...

Pas de doute, la saison des casseroles est ouverte!


(1) Le bureau européen des Amis de la Terre, l’association anglaise SpinWatch, l’allemande LobbyControl et la batave Corporate Europe Observatory, pour laquelle j’ai l’honneur tout récent de mener quelques travaux de recherche.

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mardi 13 novembre 2007

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Le 4e pouvoir dans les cordes


«Merci à Clearstream, à la BGL et à Fortis, merci à la Menatep, à Nicolas Sarkozy et à Dominique de Villepin, aux plaintes et aux embarras judiciaires que chacun m’occasionne. Sans eux, nous ne ferions pas ce genre de soirée.» Denis Robert manie bien sûr l’ironie. Mais il est heureux, aussi. Samedi 10 novembre, la salle de la Passerelle à Florange, près de Metz, était comble. La soirée, organisée par son comité de soutien, visait à récolter des fonds pour aider l’ex-journaliste à couvrir ses frais de justice consécutifs au tsunami de poursuites judiciaires dont il fait l’objet depuis des années.
Sans relâche. «Alors que nous venons de gagner au Luxembourg deux procès montés par la BGL et le groupe Fortis, six (nouvelles) lettres recommandées viennent d’arriver à la maison qui m’annoncent que mes adversaires, Fortis en l’occurrence, viennent de me réassigner en France sur la base de plaintes quasi identiques à celles déposées au Luxembourg (toujours diffamation), écrivait samedi matin l’auteur de Révélation$ et La boîte noire. Une nouvelle preuve que ces empaffés ne me lâcheront jamais la grappe. Une nouvelle preuve que j’ai dû toucher là où ça (leur) fait mal.»
Guy Bedos, tête d’affiche de la soirée, a regretté l’absence des «plus grands éditorialistes de la presse dite libre, de gauche, parce que c’est un scandale ce qui arrive là à [Denis Robert], il a fait son métier».
En décembre 2006, l’association Reporters sans frontières avait déjà condamné la «multiplication des poursuites à l’encontre de Denis Robert dans le cadre de l’"affaire Clearstream"», un «"matraquage" [qui] témoigne d’une volonté de le réduire au silence.» A ce jour, 459 journalistes seulement, parmi lesquels Florence Aubenas, Bernard Langlois, Paul Moreira, John Paul Lepers ou Denis Delbecq, ont envoyé un scan de leur carte de presse en soutien à Denis Robert. Parmi eux, seulement trois Belges...
La Fédération européenne des journalistes (FEJ), qui représente plus de 250.000 journalistes dans plus de 30 pays, manifestait le lundi 5 novembre un peu partout en Europe contre les «pressions économiques et politiques, la marchandisation de l’information, l’autocensure, la précarité et le non respect du principe de protection des sources». Pour faire passer ce message, la FEJ, l’AJP et son pendant néerlandophone, la VVJ, avaient même réalisé un chouette pastiche de tabloïde.
Cela n’aura pas suffit. Selon PressBanking, Le Soir est le seul média de presse écrite belge francophone (1) à s’être fendu d’un papier dans son édition du lendemain (373 mots en page 38).
Du côté des partis politiques, ni le PS, ni Ecolo, ni le CDH n’ont soutenu cette action par voie de communiqué. Il fallait lorgner à droite, du côté de l’avenue de la Toison d’or, pour trouver une news solidaire avec les revendications de la FEJ...
Ironie du sort, ce même 5 novembre, en France, le quotidien économique Les Echos était racheté par Bernard Arnault, PDG du groupe LVMH, première fortune de France et septième de la planète.

Le résumé de la soirée du 10 novembre, par le comité de soutien:


Le reportage de France 3:


Un appel (mordant) aux journalistes, par Erwin Act:



(1) Recherche effectuée entre le 1/11 et le 12/11 sur les quotidiens et hebdomadaires suivants: Vers l’Avenir - toutes éditions, Le Courrier, Le Soir, La Dernière Heure, L’Echo-Actualités (2007), Le Jour Liège, Le Vif/L’Express, La Libre Belgique, La Tribune de Bruxelles, L’Avenir du Luxembourg, Le Jour Verviers, Trends/Tendances, Le Jour Huy-Waremme, Vers l’Avenir Brabant Wallon, Le Courrier de l’Escaut, Vers L’Avenir - Namur, La Nouvelle Gazette - La Province (archives), La Meuse - La Lanterne (archives), Grenz Echo, Cash NL, Nouvelles Graphiques, Knack Internetpoket, Knack Multimedia, Knack Gezondheid, Le Vif/L’express Weekend, De Huisarts, Guide de poche Internet, Knack Boeken, Le Journal des Enfants, Cash Personal Finance NL, Nest FR, Knack Focus, Le Vif Multimedia, Plus NL, Cash FR, Cash Personal Finance FR, Cash Beleggersalmanak, E-Tendances, Knack Weekend, Plus FR, SBJ Finance, Industrie NL, BIZZ FR, BIZZ NL, Knack, Cash Almanach de l’investisseur, Semper FR, Sports FR, Le Généraliste, Dotgov FR, Le Vif/L’express Santé, E-Trends, Dotgov NL, Trends, Semper NL, Business in Meeting, Coup d’oeil, Industrie FR, Nest NL, Grafisch Nieuws, Sports NL.

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vendredi 7 septembre 2007

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Inquiétudes autour du WiFi

Il permet de surfer sans fil sur Internet et même, depuis peu, de téléphoner. En plein essor dans le monde, il s’invite même dans les écoles. «Il», c’est le WiFi. Et comme aucune étude scientifique ne prouve son innocuité, il relance le débat sur l’impact potentiel des champs électromagnétiques sur la santé.



Surfer sans fil sur Internet confortablement assis dans son canapé, son jardin, à la terrasse d’un café ou dans un aéroport: voilà la prouesse technologique que permettent les réseaux WiFi. Très pratiques et moins chers que leurs homologues câblés, ces réseaux qui exploitent les ondes hertziennes pour transmettre de l’information numérisée sont en plein essor à l’échelle planétaire. La ville de Singapour est déjà entièrement «wifisée» et plusieurs autres (Amsterdam, Paris, San Francisco, Chicago...) ont l’intention de le devenir pour combler la «fracture numérique».

En Belgique, on n’en est pas encore là. Le plus grand réseau sans fil gratuit – 78 antennes sur le campus de la Plaine (ULB et VUB) à Bruxelles – ne fait encore que 0,5 km². Mais le WiFi est déjà très présent chez les particuliers. Au sud du pays, plus d’une connexion Internet sur trois est de ce type et 18% de tous les ménages possèdent une antenne WiFi sous leur toit, d’après l’Agence wallonne des télécommunications (AWT). Comme une antenne émet jusqu’à 30 mètres environ dans toutes les directions, il est plausible que plus de la moitié de la population belge se trouve aujourd’hui sous l’influence régulière des ondes WiFi.

L’Angleterre en émoi

Jusqu’ici, c’était essentiellement la nocivité potentielle des GSM et des antennes relais de téléphonie mobile qui posait question. Le débat s’élargit désormais aux réseaux WiFi. En Angleterre, un syndicat d’enseignants a ainsi réclamé fin avril au ministre de l’Enseignement britannique «une étude scientifique complète sur les effets sanitaires des réseaux WiFi dans les écoles, tant sur les élèves que les professeurs». Des associations de parents ont embrayé, réclamant le démantèlement des réseaux WiFi scolaires.

Fin mai, la BBC enfonçait le clou en révélant, dans une enquête qui a fait couler beaucoup d’encre, que l’intensité des champs électromagnétiques (CEM) présents dans une classe «wifisée» était en moyenne trois fois plus grande que celle des CEM émis par une antenne relais de téléphonie mobile à 100 mètres, et en diffusant le témoignage du directeur de l’Agence de protection sanitaire du Royaume Uni incitant à la prudence. Il est vrai qu’outre-Manche, le WiFi se retrouve dans plus d’une école primaire sur deux et dans quelque 70% des établissements secondaires...

En Belgique, par contre, aucun chiffre officiel n’existe sur la proportion d’écoles «wifisées», mais il est probablement très faible. En effet, les connexions Internet fournies par les pouvoirs publics aux établissements scolaires sont câblées par défaut. L’installation éventuelle du WiFi se fait exclusivement à l’initiative des directeurs d’école, nous explique-t-on à l’AWT et au Centre d’informatique pour la Région bruxelloise (CIRB).

Les enfants physiquement plus vulnérables

Sur le plan scientifique, le flou règne. Il n’existe aucune étude épidémiologique sur d’éventuels effets néfastes du WiFi. Et quand bien même, on manque de recul. «Il faut savoir qu’il existe un certain nombre d’effets potentiels à long terme qu’il ne sera pas possible de détecter avant 2015 au plus tôt», commente André Vander Vorst, professeur émérite à la faculté des sciences appliquées de l’université catholique de Louvain et membre du Conseil fédéral de santé et d’hygiène (CSH). Face au boom actuel des technologies sans fil (lire encadré ci-dessous), ce spécialiste des CEM estime qu’avec le WiFi comme avec le banal téléphone sans fil DECT, hyper répandu mais beaucoup moins médiatisé, «on manque grandement de prudence car on ne fait jamais qu’augmenter le niveau global des émissions dans la même bande de fréquences – les micro-ondes – dont les effets biologiques, au premier ordre, sont similaires quelle que soit la fréquence.»

Si la «fronde anti-WiFi» a embrasé les écoles anglaises, c’est aussi parce que des enfants sont concernés au premier chef. Ils passent environ sept heures par jour en classe et seront plus exposés à des CEM au cours de leur vie que n’importe quelle autre génération qui les a précédés. «Il existe de bonnes raisons de penser que les cellules jeunes sont plus sensibles aux CEM que les cellules adultes, explique André Vander Vorst. On sait par ailleurs qu’une épaisseur d’environ 5 cm de corps humain est nécessaire pour “blinder” nos organes internes contre les CEM diffusés par un GSM émettant à 900 MHz. Si l’on considère un torse d’adulte de 40 cm de diamètre, les 30 cm à l’intérieur du torse seront donc protégés. Dans le cas d’un torse d’enfant de 20 cm de section, seuls 10 cm seront isolés. Leurs organes internes sont donc plus exposés que les nôtres.»

Inquiétudes de Salzbourg à San Francisco

Le Royaume Uni n’a pas le monopole de la méfiance à l’égard du WiFi. En Autriche, le Département de santé publique du land de Salzbourg recommande officiellement, depuis décembre 2005, «de ne pas installer de réseau WiFi et DECT dans les écoles et les crèches», au nom du principe de précaution. Car selon le Dr Gerd Oberfeld, à la tête de ce département, les premiers résultats d’études empiriques réalisées sur des personnes sensibles montrent que «les symptômes observés jusqu’ici sont les mêmes que ceux observés dans les études réalisées sur les antennes relais de téléphonie mobile: maux de tête, difficultés de concentration, nervosité, problèmes de mémoire, etc.»

Au Canada, le recteur de l’université de Lakehead (Ontario) a mis un frein à l’essor du WiFi sur le campus en février 2006, histoire de protéger les 15.000 étudiants sous sa tutelle d’éventuels risques à long terme. En Allemagne, soucieuse de ne pas réaliser une «expérimentation humaine à grande échelle», la responsable des services chargés de l’enseignement à Francfort a interdit, en juin 2006, le WiFi dans toutes les écoles «tant que l’innocuité des communications sans fil n’aura pas été démontrée». Cet été, c’est carrément le gouvernement allemand qui a recommandé «de préférer autant que possible l’utilisation de solutions câblées traditionnelles plutôt que de connexions sans fil». A San Francisco, des groupes de riverains s’opposent actuellement au projet du maire et de Google qui souhaitent «wifiser» la ville au moyen de 2.200 nouvelles antennes. Et en France, le CRIIREM (Centre de recherche et d’information indépendantes sur les rayonnements électromagnétiques) s’est inquiété, juste avant l’été, du boom commercial des nouveaux téléphones portables «hybrides», capables de conjuguer les signaux GSM et WiFi et donc de passer d’un réseau à l’autre sans rupture de conversation.

Craintes fondées ou largement exagérées? Quoi qu’il en soit, il semble que, si les inquiétudes concernant les ondes GSM devaient un jour être confirmées, les autres technologies comme le WiFi, le WiMAX, l’UMTS et le DECT devront être balisées avec la même sévérité. Il va cependant falloir s’y résoudre: seul le temps qui passe nous donnera la réponse... D.L.



Ces ondes qui font débat

GSM. Téléphonie mobile de 2e génération (2G). Fréquence: 900 et 1800 MHz (dualband).
DECT. Téléphonie sans-fil numérique pour les entreprises et les particuliers. Portée: environ 30 m à l’intérieur, jusqu’à 300 m en champ libre. Fréquence: 1900 MHz.
UMTS. Téléphonie mobile de 3e génération (3G) à haut débit. Permet de transmettre de la vidéo. Fréquence: 2100 MHz.
WiFi. Accès sans fil à Internet, à la maison ou dans des «hotspots» (points d’accès publics dans les gares, aéroports, hôtels…). Portée: quelques dizaines de mètres. Fréquence: 2400 MHz.
WiMAX. «Grand frère» du WiFi, le WiMAX permet des connexions Internet à très haut débit par voie hertzienne. Portée: plusieurs km. Fréquence: 3500 MHz.

Les fréquences utilisées par ces différentes technologies appartiennent toutes à la famille des micro-ondes (qui s’étend grosso modo de 900 à 300 000 MHz). Pour André Vander Vorst, «il n’existe a priori aucune raison scientifique de penser que ces différentes fréquences peuvent avoir des effets distincts sur le vivant. Une variation de fréquence d’un facteur 2 ou 3 ne change pas grand chose. Par exemple, les fours à micro-ondes industriels qui cuisent le pain fonctionnent à 430 MHz ou à 960 MHz, alors que la norme pour les micro-ondes domestiques est fixée à 2450 MHz». Ce qui compte avant tout, ce n’est pas la fréquence mais l’intensité cumulée de ces champs électromagnétiques sur le long terme. Or la norme fédérale en vigueur, jugée trop laxiste par le CSH (qui en préconise une 50 fois plus sévère...), repose sur l’exposition aiguë, pendant 30 minutes, d’un adulte en bonne santé. Cette norme ne protège que contre l’échauffement des tissus. Tout autre effet biologique est donc de facto ignoré... D.L.


Cet article est disponible dans le numéro de septembre du mensuel belge Equilibre. S’il vous a plu, merci de bien vouloir envisager d’acheter le magazine en version papier, voire de vous y abonner.

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mardi 7 août 2007

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«Tu seras une sorte de Duhamel populiste»

Lu dans la dernière édition du Plan B, bimestriel français de critique (féroce) des médias, ce courriel de Laurent Joffrin envoyé il y a quelques mois à Pierre Marcelle. Le premier est directeur de publication et PDG de Libération depuis novembre 2006, le second y est journaliste et chroniqueur depuis 1988. Sa chronique, quotidienne jusque fin 2006, est devenue hebdomadaire début 2007.
Obtenu de «source syndicale», ce document sociologique en dit long sur les relations de pouvoir au sein de la rédaction depuis l’arrivée de Joffrin, sur le saupoudrage cynique des différentes tendances de la gauche plébiscitées par le quotidien et, plus généralement, sur la marge de manœuvre des journalistes sous l’ère Rothschild:

Date: 19 janvier 2007
Subject: Ce que nous évoquions samedi

Mon cher Pierre,

Comme je te l’ai dit, ta décision de rester au journal m’a surpris. Il n’est pas en mon pouvoir de l’empêcher, d’autant qu’un calcul réaliste m’incite à ménager cette partie du public. Mais ce maintien en poste – cette «reddition», comme tu dis – doit être assortie des conditions que nous avons définies.
1) Le contenu de ta chronique est soumis par nature à la relecture du chef de service quelle qu’elle soit... Elle a droit de correction plein et entier, qu’il s’agisse ou non de censure. J’arbitrerai en cas de besoin.
2) Elle ne peut occuper une place supérieure en visibilité et en aura que celle de Schneidermann ou de Duhamel. Tu seras une sorte de Duhamel populiste... Il en faut. Mais pas plus, comme nous en sommes convenus. En tout état de cause, c’est la responsable des pages «Rebonds» qui doit trancher sous mon autorité. Un cours nouveau s’instaure à Libération: le temps de l’autogestion est terminé.
Bien sûr, si ces conditions te paraissent insupportables ou draconiennes, le guichet est ouvert. Tel est mon avis, qui correspond à celui de la hiérarchie et de la partie raisonnable du journal...

Amicalement,

Laurent

Le «guichet» évoqué par Joffrin est le guichet de départ pour quitter le journal, dont Marcelle n’a pas souhaité profiter fin 2006...
Le 19 juin 2007, sa chronique «Smoking» était amputée de quelque 1650 signes. Ce passage rouspétait gentiment, mais légitimement, contre ce petit avis publié quelques jours plus tôt par Libération dans sa rubrique «Carnet», sans consultation préalable de la rédaction:
L’équipe de Libération s’associe à la tristesse d’Edouard de Rothschild et de sa famille à l’occasion du décès du baron Guy de Rothschild.

Guy de Rothschild avait 98 ans. Il était le père d’Edouard de Rothschild, l’actionnaire dit «de référence» de Libération, qui détient près de 39% du capital.

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samedi 23 juin 2007

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Les oubliés du nucléaire


Dans les centrales atomiques, la maintenance est déléguée à des sous-traitants qui prennent d’importantes doses de radioactivité. «Gueules noires» anonymes des temps modernes, ils sont les oubliés du nucléaire...

Ils sont robinetiers, soudeurs, électriciens, chaudronniers, décontaminateurs ou commis. Ils seraient 20.000 en France et près d’un millier en Belgique. On les appelle lors des «arrêts de tranche», quand il faut remplacer le combustible usé dans un réacteur nucléaire. Ils effectuent alors des opérations de contrôle et de maintenance sur des parties de l’installation inaccessibles en temps normal. Dans leur combinaison «Muru» – pour Mururoa, cette île du Pacifique où la France effectuait ses essais nucléaires militaires –, ils bossent «en zone». Là où «ça crache», où «ça pète». Ils prennent des doses importantes de radioactivité pour assurer la sécurité des centrales. Et donc notre sécurité. Ce sont les «gueules noires» anonymes des temps modernes, qui font le sale boulot pour que nous puissions nous éclairer, cuisiner, vivre confortablement.

Mi-mars, à l’occasion d’un arrêt de tranche à Tihange, ils étaient environ 1.200 à débarquer de France, d’Allemagne, du Portugal… Venus prêter main forte aux 700 statutaires et 500 sous-traitants permanents de la centrale, ils sont restés un mois, logeant dans les hôtels, motels et campings de la région. Avant de repartir vers un autre arrêt de tranche, en France, en Allemagne, en Suisse ou ailleurs. «Les salariés des centrales, quand il y a un arrêt de tranche, ils vivent un stress, mais c’est une fois par an, explique un de ces saisonniers français de l’atome. Nous on sort du stress d’un arrêt de tranche, on fait 600 km et on retombe dans l’arrêt de tranche suivant. On en fait 10 par an (1).»

Doses 8 à 15 fois plus fortes

En France, c’est en 1988 qu’EDF a choisi de sous-traiter massivement la maintenance de ses centrales. Le volume de travail sous-traité est ainsi passé de 20% à 80% en 5 ans. «En Belgique, le tournant a été pris vers 1995, quand Suez est devenu actionnaire d’Electrabel, note Jean-Marc Pirotton, délégué FGTB Gazelco à la centrale nucléaire de Tihange. La tendance est bien sûr de sous-traiter les tâches les plus pénalisantes en doses. A terme, les statutaires d’Electrabel n’auront plus en matière de maintenance qu’un rôle de gestionnaires de sous-traitants.»

En France, les travailleurs sous-traitants reçoivent 80% de la dose collective annuelle enregistrée sur les sites nucléaires. Les doses moyennes qu’ils encaissent sont 8 à 15 fois plus élevées que celles des agents EDF qui travaillent en zone. Les chiffres seraient du même ordre en Belgique. Ainsi Electrabel et EDF transfèrent-ils massivement le risque d’irradiation vers les travailleurs de la sous-traitance... qui se fait souvent en cascade. «En bout de chaîne, il est fréquent de trouver des intérimaires qui n’ont pas toujours les compétences requises», déplore Jean-Marc Pirotton.

Pour la plupart des sous-traitants, la visite médicale (deux fois par an en Belgique) se réduit à un «rite d’aptitude» pour pouvoir travailler en zone, sans rapport avec une action continue de surveillance et de protection de la santé à laquelle les salariés sont soumis. Bref, dans les centrales, le travail sous-traité disparaît des «ressources humaines» pour être reporté dans les «achats», régulés essentiellement par la concurrence. Ainsi, ceux qui génèrent les risques – les exploitants de centrale – ne doivent plus en assumer les conséquences en cas d’accident de travail ou de maladie professionnelle...

Si les contraintes de sécurité imposées par la direction sont les mêmes pour tous, le message délivré aux sous-traitants varie en revanche selon l’employeur. «Sur les quelque 1.200 saisonniers qui débarquent pour un arrêt de tranche, environ deux tiers proviennent d’entreprises structurées, avec délégation syndicale», estime à la louche Jean-Marc Pirotton. «Les autres, on ne les connaît pas, enchaîne Constant Koumbounis, délégué FGTB chez Fabricom-GTI, une filiale de Suez qui est un des principaux sous-traitants d’Electrabel à Tihange. Ceux qui bossent pour des petits patrons, les “marchands d’hommes”, ils ne parlent pas. Ils se changent dans la camionnette et cassent la croûte sur leur coffre à outils. Pour eux, le message de sécurité n’est pas du tout le même...»

Dosimètre au vestiaire

Les travailleurs qui opèrent en zone ont droit à un quota annuel d’irradiation. S’ils le dépassent, ils sont interdits de centrale. Les salariés sont mis au chômage technique, avec perte de revenus. Les intérimaires, eux, perdent leur job. Ainsi, lorsqu’ils frôlent leur quota, certains travailleurs laissent volontairement leur dosimètre au vestiaire... Pour d’autres, c’est un ordre. «Une fois, je travaillais la nuit; il n’y avait pas d’agents de radioprotection, témoigne Antonio, un intérimaire français habitué depuis quatre ans aux petits contrats (2). Mon chef m’a demandé de déposer mon dosimètre et d’aller reprendre le double de la dose. J’ai refusé et j’ai été viré.»

Une exception? Pas vraiment. Dans le rapport 2005 remis au directeur d’EDF par l’inspecteur général pour la sûreté nucléaire et la radioprotection, le «défaut de port de dosimètres» était repris dans les «situations répétitives et à risque». Et en Belgique? «C’est déjà arrivé à Doel, à Tihange, et à mon avis ça arrive dans toutes les centrales nucléaires du monde, lance Jean-Marc Pirotton. C’est bien sûr décrié par la direction, mais il n’y a pas toujours un ingénieur d’Electrabel derrière les sous-traitants...»

A court terme, ces «petits arrangements avec la radioactivité» conviennent à tous: l’ouvrier peut continuer à travailler, le sous-traitant est bien vu par l’exploitant de la centrale car il passe pour bien gérer les doses de ses travailleurs, et l’exploitant lui-même peut afficher une dose collective annuelle en baisse. Ce qui est excellent pour son image.
D.L.


(1) Propos recueillis en mars 2007 par le réalisateur belge Alain de Halleux, qui prépare un documentaire de 52 minutes sur le sujet.
(2) Travailler peut nuire gravement à votre santé, Annie Thébaud-Mony, La Découverte, 2007, p.105.






Cet article fait partie d’un dossier de 8 pages sur le nucléaire disponible dans le numéro de mai-juin du magazine belge
Imagine. S’il vous a plu, merci de bien vouloir envisager d’acheter le magazine en version papier ou électronique (PDF), voire de vous y abonner.

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«L’industrie nucléaire organise le non-suivi médical des travailleurs les plus exposés»

Annie Thébaud-Mony, sociologue, est directrice de recherches à l’Institut français de la santé et de la recherche médicale (INSERM). Pionnière de l’étude des conditions de travail dans les centrales, elle a publié L’industrie nucléaire – Sous-traitance et servitude (EDK/INSERM, 2001) qui fait référence en la matière (traductions en anglais et japonais en cours). Dans son nouvel opus, Travailler peut nuire gravement à votre santé (La Découverte, 2007), deux chapitres reviennent sur le sujet. Interview.

En sous-traitant les risques d’irradiation, l’industrie nucléaire «jouerait la montre» pour sauver sa peau, selon vous?
L’industrie nucléaire est jeune. Elle manque de recul sur les effets sanitaires du travail sous rayonnements. En sous-traitant la maintenance, elle organise de facto le non-suivi des travailleurs extérieurs. Ceux-ci ont des parcours professionnels fort sinueux. Beaucoup vont de centrale en centrale, sont intérimaires, changent d’employeur après quelques années. Perdre la trace de ces travailleurs, qui sont les plus exposés, c’est barrer la route à une enquête de cohorte, c’est-à-dire un suivi médical sur plusieurs décennies d’une population particulière. Or ces enquêtes sont cruciales. Ce sont elles qui ont permis de démontrer la nocivité de l’amiante, par exemple. Ainsi, plus longtemps sera maintenue l’incertitude sur les effets cancérigènes des faibles doses de radiations, plus l’engagement mondial dans l’industrie nucléaire deviendra irréversible.

Une vaste étude épidémiologique (1) réalisée dans 15 pays sous la houlette du Centre international de recherche sur le cancer (une agence de l’OMS), a tout de même montré en 2005 un risque accru de mortalité par cancers de tous types chez les travailleurs du nucléaire...
Oui, mais les sous-traitants n’ont pas été inclus dans l’étude. Or, en France, ils reçoivent 80% de la dose collective annuelle prise par tous les travailleurs du parc nucléaire. Les travailleurs étudiés n’ont donc reçu que 20% des doses. Dans le protocole initial de l’étude, en 1990, les sous-traitants étaient pourtant identifiés comme groupe nécessaire à la validité de l’enquête. Deux ans plus tard, quand l’étude a démarré, travailler «sous contrat» était devenu un critère d’exclusion. Précisons par ailleurs que l’industrie nucléaire a largement financé cette enquête.

D’autres groupes à risque ont-ils été exclus?
Oui. Sur les quelque 600.000 travailleurs initialement admis à l’enquête, plus de 210.000 ont été exclus. Parmi eux, environ 110.000 personnes ayant travaillé moins d’un an, 40.000 ayant subi des irradiations internes, 40.000 n’ayant pas porté de dosimètre et 20.000 ayant été exposés aux neutrons. Ces exclusions constituent un biais majeur. Tous ces travailleurs ont en effet été exposés. Exclus de la population étudiée, ils ont été inclus de fait dans la population générale de référence. Celle-ci englobe en outre les riverains d’installations nucléaires et les populations irradiées ou contaminées par le nuage de Tchernobyl. Cela gonfle artificiellement le nombre de cancers dans la population générale et réduit l’écart de risque entre les travailleurs étudiés et la population générale.

Comment les syndicats ont-ils accueilli cette étude?
En France, la CGT (Confédération générale du travail, premier syndicat français, NDLR) a demandé la diminution par un facteur trois ou quatre de la norme individuelle d’exposition annuelle en vigueur en Europe, qui est aujourd’hui de 20 millisieverts (mSv). Ils rejoignent ainsi les experts indépendants du Comité européen sur le risque de l’irradiation, qui préconisent depuis 2003 une limite annuelle de 5 mSv pour tous les travailleurs du nucléaire.

Propos recueillis par D.L.

(1) «Risk of cancer after low doses of ionising radiation: retrospective cohort study in 15 countries», Cardis et al., British Medical Journal, 2005. C’est la seule étude épidémiologique d’envergure sur le sujet.





Cet article fait partie d’un dossier de 8 pages sur le nucléaire disponible dans le numéro de mai-juin du magazine belge
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mercredi 20 juin 2007

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Votre marque de voiture se soucie-t-elle vraiment du climat?

Au-delà des publicités tapageuses des constructeurs surfant abondamment sur la «vague verte», votre marque de voiture se soucie-t-elle vraiment du climat? La Fédération européenne pour le transport et l’environnement (T&E), un lobby environnemental qui fédère à Bruxelles 49 ONG de 21 pays, a récemment publié le top 20 des constructeurs les plus «engagés» sur ce plan (cliquer sur le tableau ci-dessous).


Pour mémoire, l’industrie automobile a signé, en 1998, un «accord volontaire» avec la Commission européenne pour atteindre l’objectif de 140 g de CO2 par kilomètre, en moyenne, pour tous les nouveaux modèles mis sur le marché en 2008. Un objectif intermédiaire avant celui de 120 g/km en 2012, lequel a été récemment miné par le lobby automobile qui a réussi à le faire «descendre» à 130 g/km. On sait aujourd’hui que l’objectif intermédiaire de 140 g/km ne sera pas atteint: les constructeurs n’ont pas, globalement, réalisé les innovations technologiques qu’ils avaient promis de développer pour réduire la consommation de leurs véhicules.
Détail piquant, T&E s’est procuré une note interne de la Commission qui montre que celle-ci s’est engagée, vis-à-vis du lobby automobile, à ne jamais publier les différents résultats intermédiaires marque par marque. Histoire de ne pas pointer du doigt les plus mauvais élèves… et de ne pas nuire à leur sacro-sainte compétitivité. Il ne faudrait tout de même pas que l’écologie nuise à l’économie...
T&E a au contraire estimé qu’un tel classement serait très utile pour que le consommateur puisse favoriser les marques ayant respecté leurs engagements. L’association s’est donc procuré – à ses frais – les données de l’année 2005 afin d’en déduire les progrès accomplis par chacune des 20 marques ci-dessus (qui pesaient 90% des ventes dans l’Union des 15 en 2005).
Résultats? Pas brillants: seuls Fiat, Citroën et Renault ont atteint ou sont en mesure d’atteindre l’objectif de 140 g de CO2 par km en 2008. Dernier de classe: Nissan. Quant à Volvo, BWM et Mercedes, ils se hissent, dans l’ordre, sur le peu glorieux podium des marques les plus polluantes.

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samedi 2 juin 2007

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Electrosmog électoral

L’article principal du mini-dossier que j’ai rédigé pour le mensuel Equilibre de juin 2007 est désormais disponible intégralement en ligne. Equilibre (groupe Roularta) est un magazine papier lancé fin 2006 qui traite de questions de santé. Sa rédactrice en chef n’est autre que Karin Rondia, qui fit les beaux jours de l’émission télé «Pulsations» sur la RTBF dans les années 1990. Chose rare, sinon unique dans le paysage médiatique belge, Equilibre ne comporte pas une seule page de publicité.
La lutte contre la pollution électromagnétique ne s’est que timidement invitée dans la campagne électorale. Malgré plusieurs articles de presse et émissions télé («Reporters» sur RTL-TVI, «Questions à la une» sur la RTBF, etc.), sinon alarmistes, du moins incitant clairement à la prudence, cette problématique ne figure que dans l’arsenal électoral des partis Ecolo et CDH.
Ainsi le parti vert propose-t-il de «limiter strictement le risque électromagnétique» (Livre I, chapitre 2, p. 12). Comment? En fixant une norme fédérale de 0,6 V/m (moyenne sur 24 heures). Ecolo souhaite en outre «reconnaître officiellement l’électrosensibilité comme un problème de santé publique et prendre les mesures qui s’imposent pour protéger les personnes qui en sont atteintes». Dans la capitale, la députée bruxelloise Dominique Braeckman (19e effective à la Chambre et initiatrice de l’ordonnance régionale dont il est question dans l’article d’Equilibre) organise même un débat le 6 juin sur le thème «Du GSM au baby-phone, notre droit à la santé est-il bafoué?».
Quant au CDH, son programme s’engage plus timidement à «étudier et entourer (sic) la problématique des ondes électromagnétiques» (5ème partie, pp. 145-146). Les centristes proposent de «récolter des données scientifiques sûres sur les risques et les expositions» mais ne se risquent pas à proposer une norme plus stricte, même si cela est suggéré entre les lignes.
Pas un seul mot par contre sur cette problématique émergente dans le programme du MR ni dans celui du PS. Simple reflet programmatique du clivage majorité-opposition en somme, puisque Rudy Demotte, ministre fédéral PS de la Santé, bloggeur et 3e effectif à la Chambre dans le Hainaut, a toujours considéré que les normes fédérales en vigueur étaient suffisamment sévères.

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mercredi 30 mai 2007

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Un défraiement, ça va pas non!?

«Nous n’avons pas besoin de défraiement pour être des assesseurs. Pas besoin d’indemnités pour vivre en démocratie!» Tel est en substance le cri du cœur d’un collectif de citoyens, indépendant du monde politique ou associatif, qui souhaite profiter des prochaines élections pour donner un coup de pouce à la démocratie.
Concrètement, si vous avez été désigné(e) comme assesseur pour le scrutin fédéral du 10 juin, le collectif «10-6» vous propose de reverser à Amnesty International les indemnités que vous recevrez des pouvoirs publics (entre 15 et 105 euros) pour vous remercier d’avoir accompli votre devoir citoyen.
Si tous les assesseurs et présidents de bureaux de vote reversaient leur indemnité, plus de 1,75 million d’euros seraient récoltés (voir tableau ci-dessous).
Cette action caritative originale avait déjà été menée lors du scrutin communal d’octobre 2006. Elle avait alors rapporté près de 1.750 euros, soit un millième de la somme potentielle. Ce qui signifie qu’une centaine d’assesseurs avaient joué le jeu. Le buzz aidant, et sachant que 100.000 assesseurs ont été désignés pour l’élection du 10 juin, cette deuxième édition pourrait rapporter bien plus encore.
Les assesseurs séduits par l’idée peuvent d’ores et déjà s’inscrire sur le site de l’action. Bien sûr, n’importe qui, assesseur ou non, peut soutenir cette initiative dont la logique est résumée sur une page A4 couleur en PDF, page que le collectif «10-6» vous propose de diffuser sur votre lieu de travail. Tout don de 30 euros ou plus donne droit à une attestation fiscale délivrée par Amnesty.

Cliquer sur le tableau pour l'agrandir. Il combine les infos suivantes:
1/ nombre de bureaux et de membres par bureau.
2/ valeur des jetons de présence selon la fonction.
(source: collectif «10-6»)

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vendredi 25 mai 2007

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Soirée «portes ouvertes» au centre fermé de Vottem


Petit clin d’oeil électoral épinglé par l’ami Pierre Ozer, alors que l'émission Reporters de RTL-TVi diffusera ce soir, à 19h50, les premières images filmées depuis huit ans au cœur de la «prison» de Vottem (des guillemets sont-ils nécessaires?) qui «accueille», sur les hauteurs liégeoises, des demandeurs d’asile. C’est le journaliste Daniel Nokin (qui a commis, en novembre dernier, un reportage «strip-teasien» sur Michel Daerden) qui a réussi le tour de force d’obtenir une autorisation de tournage. Rappelons que le centre fermé de Vottem a fait couler beaucoup d’encre ces derniers mois: dénonciations d’atteintes aux droits de l'homme, utilisation abusive de neuroleptiques pour «calmer» certains résidents, etc. Il y a deux jours encore, l’association Médecins sans frontières rappelait le «coût humain» exorbitant de ces centres fermés, où l’enfermement fait des ravages sur la santé mentale des demandeurs d’asile. Signalons, à toutes fins utiles, que l’ONG britannique Christian Aid estime à un milliard le nombre de réfugiés climatiques sur la planète en 2050...

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lundi 14 mai 2007

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Ultra Di Rupo



C’est tout l’art subtil du caméléon politique: lorsqu’il harangue la galaxie «alter», le président du PS Elio Di Rupo troque son légendaire nœud pap’ écarlate pour une tenue jean-baskets-gilet vintage. L’image est rare. Les caméras de télévision n’ont pas l’habitude d’aller se balader dans les débats qui animent les forums sociaux altermondialistes. Dans la vidéo ci-dessus – longue bande d’annonce du documentaire Avanti Popolo! signé Yannick Bovy (journaliste) et Mathieu Sonck (réalisateur) –, on assiste également à quelques fragments d’un échange franc et direct que l’on n’a plus guère l’occasion de voir aujourd’hui à la télévision. Non pas que les protagonistes témoigneraient d’une verve exceptionnellement haute en couleurs – quoique. Mais surtout parce que le débat porte sur les orientations mêmes de la gauche contemporaine, et sur son adhésion au «système capitaliste». Un questionnement qui taraude les deux réalisateurs tout au long des 45 minutes de ce documentaire, qui tombe à point pour relancer le débat politique à gauche en ces temps de défaite électorale française et de campagne législative mollassonne en Belgique.

La scène se passe à Paris, en novembre 2003, lors du Forum social européen. «Elio Di Rupo est-il schizophrène?», s’interroge le syndicaliste italien Piero Bernocchi, franchement remonté contre le fossé qui, à ses yeux, sépare trop souvent le discours et les actes politiques de la gauche européenne (sur la guerre en Irak, la mondialisation, etc.). Une gauche dont notre Elio national porte ici tout le poids sur ses petites épaules... Et dont il est pourtant généralement reconnu comme étant l’un des représentants sociaux-démocrates les plus... à gauche. Mais Bernocchi est très en verve: même la communiste Marie-Georges Buffet passera sous les fourches caudines du bouillonnant transalpin.

Evitant l’écueil de la dénonciation simpliste du discours relativement light d’Elio Di Rupo (qui se fait huer autant qu’applaudir à la fin de son speech), le film a l’intelligence de replacer ses propos en perspective historique et idéologique (les deux étant bien sûr liés). Ainsi Serge Halimi, docteur en sciences politiques, spécialiste de l’histoire de la gauche européenne et journaliste au Monde Diplomatique, souligne-t-il que la défense du capitalisme est devenue pratiquement impossible aujourd’hui pour la gauche de gouvernement. Et a fortiori devant une assemblée «altermondialiste». «D’où cette distance sémantique à l’égard d’un système qu’ils n’ont pourtant pas du tout l’intention de contester et dont ils indiquent très peu, voire pas du tout, comment ils rompraient avec son iniquité».

Au-delà d’une indignation de façade, poursuit Halimi, «ce qui serait intéressant, ce serait une liste de propositions concrètes, précises, qui permettraient de rompre avec une logique dont ils ont été eux-mêmes les artisans. (...) On se demande par exemple pourquoi des forces de gauche n’ont jamais proposé de renationaliser des entreprises ou des services qui avaient été privatisés.»

Pour clore la séquence, le sociologue des médias Alain Accardo, auteur notamment du séminal Journalistes précaires (qui vient tout juste d’être réédité), en remet une fameuse couche: «La gauche européenne est malade de la social-démocratie, tranche-t-il sans concession. Ces partis socialistes qui, officiellement et depuis longtemps, se sont installés à l’intérieur du système capitaliste pour le cogérer, constituent à mon sens aujourd’hui un des principaux obstacles à l’émancipation des peuples européens et plus largement des peuples de la planète.» Excessif? Froidement lucide? D’un autre âge? Ou d’une brûlante actualité? Chacun appréciera selon sa culture et sa sensibilité politiques...


UPDATE 16/05 :
Vu le buzz qui entoure cet extrait vidéo, les deux réalisateurs ont posté un message sur le blog d’Elio Di Rupo ce mercredi pour clarifier leur position. En effet, expliquent-ils, le film «est parfois récupéré par des gens avec lesquels on n’est pas vraiment (ou vraiment pas) d’accord – des gens qui parlent d’hostilité à votre égard par exemple, ou qui prennent appui sur ce film qui veut simplement donner à penser pour décréter ce qu’il faut penser». Les deux de Zogma précisent en outre qu’Avanti popolo!, «un tantinet provocateur, n’est pas une charge ad hominem ou anti-PS» et qu’il faut voir ce film «non pas comme un catalogue de certitudes trempées, mais comme une bouteille à la mer, une invitation au débat citoyen, populaire (...)».

UPDATE 18/05 :
Tous ces remous ont inspiré à Elio Di Rupo un billet sur son blog. Il invite notamment les deux réalisateurs du documentaire Avanti popolo! à «continuer ensemble le débat».
Est-ce une réponse déguisée aux analyses développées par les experts qui dissèquent son discours dans le film? Toujours est-il que le président du PS souligne que «la clairvoyance des analyses et la justesse du discours ne suffisent pas à faire changer les choses. Encore faut-il pouvoir traduire la théorie et la bonne volonté en action politique. Avoir totalement raison, si l’on est seul à le savoir, ne sert à rien, si ce n’est à flatter son ego et à se donner bonne conscience.»
Qu’en pensez-vous?


Le DVD du documentaire (dans lequel on peut voir également Vincent Decroly, François Houtart, Pascal Lamy ou Anne-Marie Lizin) est en vente au prix de 15 euros sur le site Zogma.org.

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jeudi 10 mai 2007

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Candide au pays de l’atome

Sous des airs de simplet de service, Antoine Citoyen interroge avec humour et pertinence nos sociétés hautement nucléarisées. Attention: ses tribulations atomiques, diffusées sur Internet, pourraient bien vous contaminer...



Alain de Halleux, bientôt 50 ans, 4 enfants, est inquiet. La question de la sécurité nucléaire a fait irruption dans sa vie l’an passé. Lors de la commémoration des 20 ans de Tchernobyl, d’abord. Puis en juillet dernier, quand le cœur d’un des réacteurs de la centrale de Forsmark, en Suède, est passé à 7 minutes de la fusion. Dans une indifférence médiatique quasi générale. Ebranlé par ces événements, ce licencié en chimie de l’UCL, vite devenu réalisateur, crée alors Antoine Citoyen, un personnage de fiction qu’il propulse au cœur de la réalité nucléaire belge. Pour mieux la cerner. Et informer. Car une question obsède Alain de Halleux et son double fictionnel, efficacement joué par son excellent complice Michel Angely: sommes-nous prêts en cas d’accident nucléaire à Tihange ou à Doel?

Antoine entame alors un authentique périple de «journaliste citoyen» pour tenter de le savoir et poser, comme un enfant, bien d’autres (im)pertinentes questions sur l’atome. Les pharmacies belges ont-elles assez d’iodure de potassium pour protéger du cancer de la thyroïde les populations survolées par un éventuel nuage radioactif? Est-il possible d’assurer sa maison contre un accident nucléaire? Les politiques connaissent-ils les conditions de travail déplorables des ouvriers chargés de la maintenance des centrales? Et en cas d’accident nucléaire, qui ira «reboucher le trou»? Etcaetera.

«A Tchernobyl, de 600.000 à 800.000 personnes ont été enrôlées de force par le pouvoir de l’ex-Union soviétique pour faire le ménage autour du réacteur», rappelle Alain de Halleux. «Mais dans une démocratie libérale comme la nôtre, qui accepterait de courir ce risque?», s’interroge Antoine en écho. Bref, où se cachent les pro-nucléaires qui ont le courage d’être liquidateurs volontaires? Alain et Antoine les traquent dans la rue, dans les parcs publics, à la mer... Sans grand succès. Au cours de ses pérégrinations, Antoine croisera également des pompiers en colère, un sénateur médusé, un commissaire européen qui ne l’est pas moins, l’ex-patron de Suez en goguette chez Ecolo, des environnementalistes, un syndicaliste... Loin de l’apaiser, leurs paroles aiguiseront ses craintes.

Résultat: une première «saison» de 20 épisodes de 3 à 8 minutes diffusés gratuitement et au compte-gouttes sur Internet depuis janvier (sur AntoineCitoyen.eu et Google Video). «Je n’ai pas l’espoir que le travail d’Antoine change quoi que ce soit, mais le fait de bosser avec lui m’autorise à regarder mes enfants droit dans les yeux le matin», explique Alain de Halleux, qui regrette l’absence d’un vrai débat de société sur le nucléaire. Parallèlement à cette «thérapie fictionnelle» réalisée - pour l’instant - sur fonds propres, le réalisateur prépare un documentaire d’investigation sur les sous-traitants du nucléaire en France, Belgique, Angleterre, Suède...








Cet article fait partie d’un dossier de 8 pages sur le nucléaire disponible dans le numéro de mai-juin du magazine belge
Imagine. S’il vous a plu, merci de bien vouloir envisager d’acheter le magazine en version papier ou électronique (PDF), voire de vous y abonner.



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vendredi 4 mai 2007

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Le scandale écologique des «sauts de puce» flamands pour businessmen friqués

Coup de tonnerre dans le ciel aérien belge! Le 25 avril, lors de la réunion du Comité de concertation regroupant les différentes entités fédérées belges, la Région flamande a opposé son veto à un projet d’arrêté royal visant à interdire les vols d’avion intérieurs de moins de 150 km. Et ce dans une indifférence quasi générale.

Proposé par le ministre fédéral de la mobilité Renaat Landuyt (SP.A), ce projet d’arrêté royal s’attaquait à ces fameux «sauts de puce» qui avaient défrayé la chronique en octobre dernier. Deux scientifiques avaient alors révélé, dans une tribune publiée par La Libre Belgique, que la compagnie marocaine Jet4You envisageait des vols Charleroi-Liège avant de redécoller pour Casablanca... Des vols ultra-courts (84 km !) qui auraient dégagé 33 tonnes de CO2 dans l’atmosphère par semaine, soit l’équivalent de ce qu’émet en moyenne une voiture qui parcourt plus de cinq fois le tour du monde, ou du CO2 émis hebdomadairement par 60 ménages belges.

A l’heure de la médiatisation massive des «bonnes paroles» d’Al Gore, de Nicolas Hulot et du GIEC, le politique se devait de réagir. Ce que fit assez vite le ministre régional wallon des transports, André Antoine (CDH), en interdisant purement et simplement ces vols 24 heures avant qu’ils ne démarrent. Pour généraliser au niveau fédéral ce (trop rare) bon sens écologique, Renaat Landuyt emboîta rapidement le pas de son homologue régional en pondant le projet d’arrêté royal qui vient d’être jeté aux oubliettes par des élus flamands schizophrènes.

400 vols-taxis annuels pour businessmen

Dans une tribune parue ce jour dans La Libre Belgique, un des deux scientifiques qui avaient découvert le «pot-aux-roses marocain» dévoile cette fois les raisons du veto de la Région flamande. Celle-ci souhaite tout simplement que puissent continuer les quelque 400 «sauts de puce» annuels qui ont lieu depuis des années, en toute discrétion, dans le ciel aérien du nord du pays.

Ces vols, d’un point de vue environnemental, sont pires encore que les vols à moitié pleins de touristes carolos que Jet4You entendait effectuer entre Charleroi et Liège. Les «sauts de puce» jalousement défendus par les politiciens flamands sont en effet essentiellement des «vols-taxis» destinés à une toute petite minorité d’hommes d’affaires fortunés qui voyagent généralement... tout seuls. Environ 90% de ces vols décollent d’Anvers et 10% d’Ostende. Une toute petite niche économique à laquelle la Flandre ne veut pas toucher. Et dont le bilan «CO2 émis par personne transportée» est bien évidemment plus anti-écologique encore que l’aberration environnementale un temps envisagée par Jet4You.

Suite à ce veto flamand, le cabinet Antoine a dénoncé, dans un communiqué de presse du 25 avril, «le mutisme du Premier ministre Guy Verhofstadt qui a pourtant suggéré la création d’un ministère du Climat au niveau fédéral, ainsi que l’absentéisme du Vice-premier ministre et président du MR Didier Reynders, qui a fait de la planète bleue un de ses thèmes de campagne». L’Echo est le seul et unique quotidien à avoir mentionné cette détonnante nouvelle, via un entrefilet de 155 mots publié dans son édition du 26 avril. Le Vif/L’Express qui sort aujourd’hui publie également une brève de 133 mots sur le sujet.

Triste combat d’arrière-garde

Rappelons encore que Jet4You a introduit, fin mars, une action au tribunal de première instance de Namur pour tenter d’obtenir réparation des conséquences de l’interdiction promulguée par André Antoine fin octobre dernier. Une interdiction, précisons-le, qui n’est pas remise en cause par la décision du comité de concertation intervenue la semaine dernière, mais qui pourrait être cassée prochainement à Namur. Et ce alors même que la Commission européenne a émis le souhait, fin mars, de donner la possibilité à un Etat membre de restreindre les services aériens dont le coût environnemental est bien plus élevé que le bénéfice – notamment social – que ces services procurent.

La Commission a même cité explicitement le cas de la Région wallonne «qui souhaite légitimement interdire les sauts de puce (Charleroi-Liège)». Une proposition qui a par ailleurs reçu «un accueil globalement positif d’une majorité de délégations» et qui pourrait donc prochainement se généraliser dans les 27 Etats membres de l’Union... Si c’était le cas, le combat d’arrière-garde de la Flandre pour sauver quelques emplois d’un autre âge apparaîtrait cruellement pour ce qu’il est: une gifle irresponsable lancée à la face des générations futures.

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lundi 30 avril 2007

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La pub peut nuire gravement à l’environnement


Ces messages publicitaires qui, à l’instar d’une certaine industrie rétrograde, naviguent volontairement à contre-courant de la lutte contre le réchauffement climatique vous horripilent? Ces pubs qui tentent de vous vendre des vessies polluantes pour des lanternes écologiques vous exaspèrent? Soulagez-vous donc en participant à une expérience de journalisme citoyen et collaboratif lancée par le magazine belge Imagine.

A vos scanners, appareils photo numériques ou paires de ciseaux! Envoyez-moi ces pubs qui vous choquent, vous excèdent, vous pompent l’air (celui qui n’est pas encore pollué par l’ozone, les microparticules diesel, les produits chimiques et le CO2...). Les plus tristement cyniques, consternantes et inciviques seront publiées dans le numéro estival d’Imagine, assorties d’un commentaire décortiquant les ressorts des messages mitonnés par les «créatifs» responsables de ces outrages aux générations futures. Sauf contre-ordre, les noms des bienveillants lecteurs et lectrices qui me les auront envoyées seront également publiés.

Pétition et Pacte «Hulot» à la sauce belge

Une pétition lancée il y a peu par une volée d’associations environnementales belges (Respire, Inter-environnement Wallonie, Amis de la Terre, etc.) demande déjà l’interdiction de la publicité pour les transports polluants, une mesure jugée «nécessaire pour une société soutenable».

Le Pacte écologique belge (que j’invite tout lecteur noir-jaune-rouge à lire et à signer) va un cran plus loin. Sur ce point, il propose ni plus ni moins d’interdire la publicité «pour les voitures, les systèmes de climatisation, ou encore les vols en avion (...) au nom de la protection de notre environnement, mais aussi par saine logique budgétaire». En effet, soulignent les initiateurs du Pacte, «l’Etat n’est-il pas, in fine, responsable financièrement du respect des limites d’émissions telles que celles fixées par le Protocole de Kyoto

Plus personne ne conteste aujourd’hui les limites imposées à la pub pour le tabac. Le temps où des publicités claironnaient dans la presse que «les médecins recommandent de fumer des Camel» est désormais révolu. Les enjeux en matière de santé publique et de budget des soins de santé crèvent les yeux. Mais il a fallu des décennies pour y parvenir, malgré les preuves scientifiques et le méticuleux travail de sape des cigarettiers au cœur même de l’Organisation mondiale de la santé...

L’auto-régulation ne suffit pas

Etant donné que le Jury d’éthique publicitaire (réceptacle belge des plaintes contre des publicités) est une organisation du secteur publicitaire lui-même, sans force d’exécution contraignante, le Pacte écologique belge propose de mettre en place «des mécanismes d’observation (Observatoire de la publicité) et de régulation dans lesquels les pouvoirs publics sont partie prenante, et qui permettraient de cadrer la publicité et ses messages, en particulier lorsqu’ils portent potentiellement atteinte aux valeurs de sobriété en matière de ressources naturelles et de respect de l’environnement».

L’initiative ici proposée, dans la foulée de celles réalisées en 2006 par le Réseau Eco-Consommation et l’Alliance pour la planète en France, est un pas citoyen dans cette direction. A vous de l’emboîter si vous le jugez pertinent...


EN PRATIQUE:
Envoyez vos photos numériques ou vos scans couleur (
format JPEG ou PNG, 10x15 cm @300DPI) à: enviropub@imagine-magazine.com. Ou postez vos pubs papier soigneusement découpées et sans plis à: Pub & Environnement, Imagine, rue Pierreuse 23, B-4000 Liège.
Merci de mentionner la source (média, lieu géographique) et la date d’observation. Priorité aux publicités diffusées en Belgique francophone. Date de clôture: 31/05/2007.

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vendredi 23 mars 2007

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Censure et fiction en démocratie

Indicible car trop lourde de conséquences, l’«affaire Clearstream 1» est-elle condamnée à la censure et à la fiction? Alors que L’emmerdeur, le second roman sur l’enquête de Denis Robert, sort début avril, l’écrivain-journaliste annonce sur son blog qu’un papier très documenté sur Clearstream a été censuré cette semaine dans Paris-Match et qu’un second article, toujours sur Clearstream, devait passer en une du Financial Times mais, «suite au lobbying intensif de la banque des banques luxembourgeoise, il a été différé...»
Selon Robert, les deux papiers étaient «prêts à sortir, maquettés, et ont été sacqués in extremis. La peur des procès et l'utilisation malveillante de documents judiciaires tronqués a joué à mort. C’est une belle saloperie.» Furax, l’ex de Libé suggère aux juristes du quotidien anglais et de l’hebdo du groupe Lagardère de jeter un œil «au seul jugement argumenté qui vaille à ce jour» pour qu’ils reconsidèrent leur décision.
Quant au roman d’Elisabeth Butterfly (extraits ici), l’éditeur annonce qu’il «ne pourrait pas sortir sous la forme d’un document. Les procès déferleraient». Et pour lancer son bouquin, la maison d’édition Florent Massot mise sur le buzz de la blogosphère en surfant sur la vague complotiste. «Nous avons besoin de vous pour diffuser ce livre qui sera victime dans un premier temps de la censure de la presse traditionnelle – surtout en période électorale...», écrit l’attachée de presse dans un mail envoyé à plusieurs bloggeurs qui suivent les rebondissements de ce «combat du 21e siècle». On se demande bien pourquoi les médias bouderaient ce livre puisque la forme romanesque a précisément été retenue pour éviter que les procès ne déferlent. Enfin, on verra...
En attendant, malgré un énième procès sur le dos (intenté cette fois par Fortis à Luxembourg), galvanisé par le soutien croissant qui s’organise autour de lui – concert de Miossec, Cali, Groland Soundsystem, etc. le 17 avril à Paris –, Denis Robert annonce qu’il ne lâchera pas le morceau: «Oui, vous êtes nombreux à me dire de prendre du recul et de passer le relais. Et bien non, je ne laisse pas tomber (...) Désolé mais je ne suis ni mort, ni malade, ni encore complètement fauché...»
Qu’on se le dise...



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samedi 10 mars 2007

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«Pas trop peur?»

Alors que je viens à peine de regarder – avec un certain plaisir – Dans la peau de Jacques Chirac, Karl Zéro, qui embrasse une nouvelle carrière avec AOL sur Internet et ne cache plus son opinion sur le sujet journalistiquement tabou que sont les attentats du 11-Septembre, s’apprête à sortir son nouveau film, Ségo et Sarko sont dans un bateau... Voici les quatre bandes d’annonce à la suite, directement publiées sur YouTube par – semble-t-il – le sponsor du film Neuf Cegetel himself qui jouit de l’exclusivité en VOD (video on demand) avant la sortie de l’œuvre en salles/DVD:



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lundi 5 mars 2007

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Faux pas publicitaire d’Oxfam?

Enthousiasme, mais aussi étonnement, déception… La dernière campagne de pub d’Oxfam-Magasins du monde, ONG particulièrement active sur le front du commerce équitable (et qui a récemment débarqué en France), a fait pas mal de bruit ces derniers mois. Y compris, et surtout, chez des sympathisants et des bénévoles. Qui, en substance, ont le sentiment d’avoir été «trahis» dans leur militance.

Raisons du litige? L’affiche «Premier cru», à la gloire du commerce équitable mais aussi de… Baby Thatcher, surnom du très libéral Guy Verhofstadt avant qu’il ne lisse son discours pour convoiter le 16 rue de la Loi. Mais aussi ce poster sur lequel on peut admirer le président du PS Elio Di Rupo plongé «dans le bain du commerce équitable» et vantant les vertus de «l’effet papillon». Le tout à quelques mois des élections...

Renvoi d’ascenseur au PS et au VLD pour les commandes publiques de produits Oxfam passées par certaines administrations, comme l’interprètent certains mécontents? «C’est ridicule, répond Denis Lambert, secrétaire général de l’ONG tiers-mondiste. Nous comptons en revanche exploiter ces engagements pour concrétiser une proposition de loi visant à reconnaître le commerce équitable et ses acteurs historiques. C’est Guy Verhofstadt qui donne une caution au commerce équitable. Pas l’inverse.»

Autre affiche qui en a également ulcéré plus d’un, dont l’antenne bruxelloise de l’association Vie Féminine: celle de cette «Oxfam fatale» allongée nue sur un lit rouge de bouchées au chocolat préemballées. Ou comment une ONG qui se bat pour améliorer la condition de la femme au Sud véhicule au Nord l’éternel cliché pubard de la femme-objet instrumentalisée pour vendre des marchandises. «De toutes les affiches, c’est celle que je défends le moins», concède Denis Lambert, avec le recul...

«Vous placez ceux qui vous appuient dans une situation impossible», s’est plaint Attac-Liège dans un courriel indigné. A Bruxelles, le cinéma Nova a remballé sa dernière commande de produits Oxfam. Des jus de fruit bio de la région remplacent désormais les jus «équitables» de l’ONG. En interne aussi, des dents ont grincé: certains bénévoles ont refusé de placer les affiches dans «leur» magasin, quelques uns ont même remis leur tablier...

A ses détracteurs, le secrétaire général d’Oxfam-Magasins du monde a envoyé un courriel laconique dans lequel il se retranche derrière son conseil d’administration. Lequel estime que ce genre de campagne est «une bonne chose si on n’en n’abuse pas. Il faut évaluer la communication d’Oxfam-Magasins du monde dans son ensemble avec des approches diversifiées». Un «botté en touche» qui en a sidéré plus d’un. «C’est vrai, j’aurais dû soigner la forme, analyse rétrospectivement Denis Lambert. J’ai déconné, là. Mais je persiste et signe: il faut nous juger sur l’ensemble du projet – qui ne bouge pas d’un iota – et considérer cette campagne comme un “coup” parmi d’autres. Si je ne devais défendre que ce coup-là, je ne serais pas très à l’aise. Mais replacé dans l’ensemble de nos actions, j’en suis fier. D’ailleurs, la réaction ultra majoritaire à cette campagne était positive.»

Voilà qui clôt le débat?

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mercredi 28 février 2007

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Dans la jungle des labels



Une foule bigarrée de logos en tout genre «labellisent» aujourd’hui une multitude de produits selon des critères environnementaux, sociaux ou économiques. Résultat, les consommateurs nagent dans la purée de pois. Le point sur les labels, outils complexes dont le flou juridique actuel n’arrange rien...

Le désir de consommer des biens et des services «durables» fait progressivement son chemin dans l’esprit des citoyens consommateurs. Pas surprenant dès lors qu’une foule de labels «écologiques», «bio», «éthiques» ou «équitables» décorent aujourd’hui les emballages d’un nombre croissant de produits.

Mais comment se frayer un chemin sûr dans cette jungle de labels officiels gérés par les pouvoirs publics (la fleur de l’Ecolabel européen, l’épi étoilé de l’agriculture bio…), de labels privés collectifs (Biogarantie, FSC, Max Havelaar…), de marques privées contrôlées par un label (Oxfam Fairtrade par Max Havelaar, Bio de Delhaize par Biogarantie…) ou pas (Made in Dignity, Collibri, Citizen Dream…)? Surtout quand on sait que Max Havelaar, figure de proue du labelling équitable, fait l’objet d’un tir nourri de critiques dans un récent livre-enquête sur le commerce équitable (1) et que l’absence de contrôles indépendants est souvent loin de rimer avec «non fiable»...

Un Belge sur trois y croit

Actuellement il n’existe aucun label durable intégré, même si les choses évoluent. «Aujourd’hui, le bio devient de plus en plus social et l’équitable de plus en plus environnemental, analyse Jean-François Rixen, ancien responsable de la recherche et du partenariat chez Oxfam-Magasins du monde, devenu consultant pour l’ONG tiers-mondiste. Les deux vont progressivement fusionner, et cela se fera sans doute via l’Union européenne d’ici 10 ou 15 ans.»

La création d’un tel label durable intégré est-elle une bonne idée? La question fait débat. «Si le label Max Havelaar et les labels bio sont connus aujourd’hui, c’est parce que ces concepts sont dans les magasins depuis 30 ans. Si l’on créait maintenant un label “bio-équitable”, avec un nouveau logo, il faudrait sans doute à nouveau 20 ans avant qu’il ne devienne significatif», estime Jean-François Rixen.

Catherine Rousseau, directrice des recherches au CRIOC (Centre de recherche et d’information des organisations de consommateurs), reste quant à elle dubitative face au concept même de label. «Dans le secteur alimentaire, les études montrent que seul un Belge sur trois est prêt à faire confiance à ce type d’instrument, explique-t-elle, précisément parce qu’il ne maîtrise pas ce qu’il y a derrière. Le label est un instrument exigeant sur le plan intellectuel: il faut le connaître, s’informer sur sa fiabilité, le débusquer en magasin… Cela exige de la motivation et du temps. De plus, il y en a beaucoup, ce qui tend à décrédibiliser même ceux qui seraient fiables. D’autant que les autorités publiques n’ont toujours pas mis en place un système qui permettrait aux consommateurs de repérer ces “bons” labels.»

Tout n’est pas labellisable

Les labels sont par ailleurs des instruments relativement complexes (lire «Labellisation, mode d’emploi»). Les démarches administratives ne sont pas toujours simples et d’inévitables frais de dossier doivent être pris en charge par les requérants. Peu de gens connaissent l’Ecolabel européen, pourtant créé… en 1992. Et trois ans après son lancement, le Label social belge ne certifie aujourd’hui… que quatre entreprises.

Sur le front de l’équitable, tout produit qui vient du Sud n’est pas nécessairement labellisable, insiste Jean-François Rixen. «Chaque produit certifié par Max Havelaar repose sur des critères différents. Un gros travail de réflexion et de création de critères est donc nécessaire pour chaque nouveau produit. Ce travail n’est réalisé que s’il y a un marché à la clé... Chez Oxfam, c’est plus simple: ses propres critères s’appliquent aux organisations de producteurs du Sud, pas à leurs produits.» Mais Oxfam Fairtrade n’est pas un label. C’est une marque commerciale privée. La grande majorité de ses produits alimentaires sont labellisés par Max Havelaar, mais pas tous. Et aucun produit artisanal de la marque Made in Dignity ne l’est. Tout simplement parce qu’ils ne sont pas labellisables et ne le seront sans doute jamais, car trop nombreux.

D’ailleurs, Jean-François Rixen regrette que le commerce équitable s’oriente de plus en plus, sous la pression des consommateurs, vers le contrôle et l’exigence de garanties. «Si l’on effectuait des contrôles à l’aveugle sur place, on privilégierait in fine ceux qui en ont le moins besoin. Car les plus faciles à contrôler sont les mieux organisés, les plus proches de l’aéroport et des villes. Cela tuerait les petits artisans ruraux qui font de l’artisanat pour obtenir un revenu complémentaire à l’agriculture. Et on louperait notre objectif de développement.» Oxfam mise donc sur le partenariat horizontal plutôt que le contrôle vertical.

Relocaliser l’économie

D’une manière générale, les labels certifient des produits, rarement des filières. Si Oxfam maîtrise assez bien la filière de son coton bio et équitable Made in Dignity, cet exemple reste l’exception qui confirme la règle. Le transport, très souvent, reste le maillon faible de la chaîne. Les piètres conditions sociales des marins battant pavillon de complaisance sont connues. Tout comme la pollution au CO2 engendrée par les avions cargo. Bref, les trois piliers du développement durable – le social, l’économique et l’environnemental – sont très souvent mis en concurrence. Les roses Max Havelaar importées du Kenya par avion et vendues en grandes surfaces où l’on se rend en voiture sont-elles «durables»?

Dans ce contexte, de plus en plus de voix plaident pour une relocalisation de l’économie et l’instauration de filières courtes, intégrées et durables. Dans cette optique, la fédération d’économie sociale SAW-B (Solidarité des alternatives wallonnes et bruxelloises), porte-parole de plus de 300 entreprises du «troisième secteur» (2), met à la disposition des consommateurs son répertoire PREFERENCES. Sur son site Internet SAW-B.be, un moteur de recherche permet de trouver facilement, par secteur d’activité et par province, des entreprises ou associations proposant des produits ou services «socialement responsables».

De même, la filiale «bio» de Colruyt, Bio-Planet, vend pour sa part plusieurs produits biologiques issus de petites entreprises d’économie sociale – pains, quiches, lasagnes, lapin, etc. – dans ses magasins de Courtrai, Dilbeek et Gand. Tous ces produits sont livrables dans les 190 Colruyt du royaume si on les commande par Internet. Si l’enseigne orange et noire n’envisage pas de les labelliser d’une manière ou d’une autre, elle entend bien «communiquer» prochainement sur ce nouveau créneau éthique d’ici novembre. Car les produits aux reflets «durables» ont le vent en poupe…

L’enjeu des marchés publics

Selon le Baromètre des tendances Belgique/Pays-Bas 2006, 42% des Belges affirment acheter un produit «durable» au moins une fois par semaine. «Carrefour, qui avait retiré les détergents ECOVER de ses rayons, les a récemment réintroduits parce que le chiffre d’affaires de cette marque a bondi de 26% en 2005 – la plus forte croissance dans ce segment», souligne Catherine Rousseau. D’après FLO, l’organisation internationale de labellisation du commerce équitable, les ventes mondiales de produits certifiés ont grimpé de 37% en 2005, atteignant 1,1 milliard d’euros. Certes, le café équitable, produit phare du mouvement, ne représente que 0,009 % du chiffre d’affaires mondial du café. Mais c’est sa croissance à deux chiffres – et celle des autres produits «durables» – qui séduit les distributeurs.

A l’automne 2005, Colruyt lançait ainsi sa ligne de produits Collibri, dont 3 à 5% du prix de vente servent à soutenir des projets éducatifs au Sud. Un mois plus tôt, c’était l’importateur de café anversois Efico qui lançait son label de café Sustainable, Fair & Free Trade. Dans les deux cas, Max Havelaar et d’autres ONG sont montés au créneau, accusant ces initiatives de brouiller l’image du commerce équitable dans l’esprit des consommateurs car elles ne respectent pas ses principes de base (3).

Pourquoi ces poids lourds économiques en bout de filière développent-ils leurs propres labels privés? «L’hypothèse la plus crédible réside dans la volonté des entreprises de continuer à accéder aux marchés publics et dans leur opposition idéologique au Fair Trade, estime Pierre Biélande, rédacteur en chef d’Alter Business News. Elles le font alors dans le cadre des pratiques de la responsabilité sociale des entreprises et, si possible, à un moindre prix (4).» De l’équitable «light», en somme, pour décrocher des marchés publics dont le cahier des charges stipule de plus en plus souvent que les produits ou services sollicités doivent être «durables» d’une manière ou d’une autre. Pour le café, l’enjeu est de taille: «Les pouvoirs publics sont les premiers consommateurs de café en Belgique», précise Jean-François Rixen...

Le consommateur seul responsable?

Reste une question de fond, soulevée par le CRIOC: en promouvant les labels, les autorités publiques ne délèguent-elles pas au consommateur toute la responsabilité du choix relatif à ce qui est le meilleur pour l’écologie ou le social? «Les pouvoirs publics devraient au contraire prendre leurs responsabilités, estime Catherine Rousseau. Comment? En renforçant les normes sociales et environnementales des produits mis sur le marché. En baissant la TVA des produits les plus respectueux des critères du développement durable, ou en augmentant celle des produits qui le sont moins. En développant des étiquetages obligatoires sur les caractéristiques écologiques et sociales des produits, à l’instar de l’étiquette énergie des appareils électrodomestiques. Le consommateur pourrait ainsi comparer les performances environnementales ou sociales de deux produits équivalents, ce qui est actuellement impossible.»

Au cabinet d’Els Van Weert, secrétaire d’Etat au Développement durable et à l’Economie sociale, on répond que le gouvernement fédéral montre lui-même l’exemple. «Depuis 2005, les services publics fédéraux sont obligés d’acheter les produits “durables” recensés dans le Guide des achats durables que nous avons rédigé. Etant donné que les pouvoirs publics sont les premiers consommateurs d’un certain nombre de produits, à l’instar du café, ce guide a un impact considérable sur le marché de ces produits, explique Tomas Sweertvaegher, porte-parole d’Els Van Weert. Il ne faut par ailleurs pas jeter le bébé avec l’eau du bain. La réflexion sur un label durable fiable et intégré doit être poursuivie. Un seul label et des étiquettes claires permettront à chacun de distinguer facilement les produits durables des autres.»

En attendant cette machette publique salvatrice, bon périple dans la jungle...

David Leloup


(1) Les coulisses du commerce équitable, Christian Jacquiau, Fayard, 2006.
(2) L’économie sociale ou «troisième secteur» se compose d’activités économiques exercées par des sociétés (principalement coopératives), des mutualités et des associations qui ont pour finalité le service aux membres ou à la collectivité plutôt que le profit. Ces structures jouissent d’une autonomie de gestion, ont instauré un processus de décision démocratique et assurent la primauté des personnes et du travail sur le capital dans la répartition des revenus.
(3) Suite à ces protestations, trois projets de loi (Ecolo, PS-SP.a et cdH) visant à reconnaître juridiquement le commerce équitable ont vu le jour. Ils sont actuellement sur la table du Parlement fédéral.
(4) «Le Fair Trade sera-t-il victime de son succès?», dossier disponible sur Alter-BusinessNews.be.


Cet article a été initialement publié dans le bimestriel belge Imagine (télécharger le PDF). S’il vous a plu, merci de bien vouloir envisager d’acheter le magazine en version papier ou électronique (PDF), voire de vous y abonner.

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