mardi 30 décembre 2008

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Les «super-riches» détenaient 40 700 milliards de dollars avant la crise

Les banques se les arrachent. On les appelle les high net worth individuals ou HNWI dans le jargon. Pour faire partie de ce club informel comptant 10,1 millions de membres en 2007 (6% de plus qu’en 2006), il faut détenir au moins un million de dollars en actifs financiers. La richesse totale de ces «super-riches» atteignait 40.700 milliards de dollars en 2007, soit 9,4% de plus que l’année précédente, selon le World Wealth Report 2008 de Merrill Lynch et Capgemini. La fortune moyenne des HNWI a ainsi pour la première fois dépassé les 4 millions de dollars en 2007.

Au sein du club, c’est le groupe des plus riches, les «ultra-HNWI» (qui détiennent 30 millions au moins), qui a connu la plus forte croissance (+14,5% de richesses et +8,8% de membres). Les marchés émergents, notamment le Moyen-Orient et l’Amérique latine, ont gagné le plus de nouveaux HNWI. A l’échelon national, c’est l’Inde, la Chine et le Brésil qui ont raflé la mise.

Environ 11.500 milliards de dollars étaient détenus offshore par des HNWI en 2004, selon Richard Murphy du Tax Justice Network. Au taux de rendement moyen de 7,5% observé ces dernières années chez les HNWI, le pactole planqué offshore rapporterait 860 milliards d’intérêts. En considérant un taux d’imposition moyen de 30% (une estimation faible selon Murphy), le manque à gagner fiscal des Etats floués par le duo «HNWI-paradis fiscaux» dépasserait les 255 milliards de dollars par an.

Bien sûr, tous ces chiffres étaient valables avant la crise. Pour évaluer l’impact du tsunami financier sur les grosses fortunes de la planète, il faudra attendre la publication, en juin prochain, du World Wealth Report 2009. L’impact de la fraude Madoff sera pour sa part quasi insignifiant: 50 milliards, ce n’est que 0,12% de 40.700...


Le numéro de janvier du magazine belge Imagine demain le monde consacre un dossier de 8 pages aux paradis fiscaux, à leur rôle dans la crise financière et le pillage des ressources naturelles du Sud. Merci d’envisager d’acheter le magazine en version papier ou PDF, voire de vous y abonner. La presse indépendante ne vit que grâce à ceux qui la soutiennent.





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mercredi 24 décembre 2008

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Euroclear cache ses liens avec Madoff

L’auteur de la plus grande fraude de l’histoire avait-il un compte chez Euroclear, la discrète chambre de compensation internationale basée à Bruxelles? Ce serait de bonne guerre pour un courtier de l’envergure de Bernard Madoff, l’homme aux 50 milliards évaporés dans une chaîne de Ponzi infernale qui vient de faire sa première victime mortelle. La multinationale établie boulevard du Roi Albert II à Bruxelles est en effet spécialisée – tout comme son unique rivale internationale, la luxembourgeoise Clearstream – dans le règlement/livraison de titres. En clair, elle sert d’intermédiaire entre un vendeur et un acheteur, et avalise officiellement – «dénoue» en jargon – les transactions effectuées entre adhérents au système.

Stéphanie Heng, chargée de communication chez Euroclear, est formelle sur ce point: «Madoff – que ce soit M. Madoff ou les sociétés à ce nom – n'était et n'est pas actif dans les entités du groupe Euroclear, et n'avait et n'a pas de compte en Euroclear Bank», nous écrit-elle. Médiattitudes n’aurait aucune raison d’en douter s’il n’était tombé par hasard sur un document intriguant, et vis-à-vis duquel Euroclear a réagi de façon étonnante.

Madoff dans un mystérieux listing d’Euroclear

Nous avons en effet trouvé la trace, sur le site Internet d’Euroclear, d’un listing de 464 institutions financières, toutes basées au Royaume-Uni et parmi lesquelles figure la Madoff Securities International Limited sous l’identifiant (participant ID) 471. Les avoirs de cette très discrète société de courtage basée à Londres et présidée par Bernard Madoff jusqu’à sa chute ont été gelés le 18 décembre (tout comme ceux des autres sociétés de Madoff), car les enquêteurs étasuniens pensent qu’elle a été utilisée par l’escroc pour perpétrer sa fraude massive.

Le listing en question, qui reprend le code identifiant, le nom, l’adresse et le numéro de téléphone de chaque institution recensée, est un fichier tableur Excel qui n’est plus accessible en ligne. Il a été délibérément retiré par Euroclear de son serveur à une date indéterminée, antérieure au 23 décembre. On pouvait cependant encore y accéder ce mercredi 24 décembre en tout début de matinée (vers 8h00), au format HTML via la mémoire cache de Google.


Google sollicité pour effacer les traces?

On «pouvait», car depuis environ 10h30 ce mercredi, ce n’est plus le cas. De deux choses l’une: soit le cache de Google a, comme par hasard, «expiré» ce mercredi matin; soit Euroclear, alertée la veille par nos demandes d’explications, a exigé de Google qu’il efface le cache relatif à ce document. La seconde option semble être la plus probable étant donné le précédent d’Euroclear qui avait déjà retiré le fichier Excel source de son serveur, et la volonté clairement affichée par la chambre de compensation de «zapper» allègrement toute question relative à ce listing.

Interrogée mardi 23 décembre en matinée sur la nature exacte du fichier, la porte-parole d’Euroclear a soigneusement évité de nous répondre, malgré son engagement à le faire «début d’après-midi». En dépit de cinq tentatives téléphoniques de la joindre et deux messages laissés sur sa boîte vocale, nos questions sont restées lettre morte. Motif invoqué en extrême fin de journée dans un email laconique nous annonçant par ailleurs son départ en congés: «Notre politique ne nous permet pas de manière générale de communiquer sur nos clients (nous ne communiquons ni leurs noms, ni ne communiquons sur leurs activités).»

Ce listing, que Médiattitudes publie sous sa forme brute (cache de Google) et au format PDF, reprend-il la liste des clients d’Euroclear au Royaume-Uni? Ou s’agit-il d’un listing interne d’institutions qui ne sont pas clientes chez Euroclear mais utilisent néanmoins son réseau? Pourquoi ce listing a-t-il été précipitamment retiré du site Internet d’Euroclear? Et pourquoi Euroclear cherche-t-elle à occulter ses liens éventuels avec la Madoff Securities International Limited – fussent-ils ténus – en esquivant les questions qui lui sont posées? Autant d’interrogations qui risquent bien de ne pas trouver de réponses tant que la chambre de compensation se murera dans son mutisme. Ou que des enquêteurs aillent mettre le nez dans les archives des chambres de compensation...

Des comptes également présents chez Clearstream

Plusieurs indices laissent penser que ce listing recense des comptes de contreparties membres du réseau Euroclear, c’est-à-dire des comptes non ouverts chez Euroclear mais qui empruntent les «autoroutes internationales de la finance» proposées par Euroclear. Ces comptes, tous britanniques, auraient été ouverts à la London Clearing House aujourd’hui devenue LCH.Clearnet, une chambre de compensation franco-britannique dont Euroclear est le principal actionnaire. La Barclays Bank Trust Company Limited, par exemple, est présente dans le listing sous le numéro d’identifiant 89501. Cette même société se retrouve dans un listing de comptes adhérents à Clearstream en 2001 sous l’intitulé «BARCLAYS BANK TRUST CO LTD (89501)», affublé du numéro de compte G1041, propre à Clearstream. Autre exemple: le fonds de pension Beatties (Wolverhampton) Pensions Limited enregistré dans le listing d’Euroclear sous le numéro d’identifiant 76205 se retrouve dans ce même listing Clearstream sous le simple nom «Beatties», numéro de compte H0999, référence 76205 dans la colonne «Sheet Account Number». Et il y a des dizaines d’exemples comme ceux-là.

Il est donc raisonnable de penser que Bernard Madoff, via le compte 471 de la Madoff Securities International Limited, a été «actif dans les entités du groupe Euroclear». Ce qui en soi n’est pas un délit et semble tomber sous le sens vu les activités du personnage. Pourquoi Euroclear ne clarifie-t-elle pas les choses une fois pour toutes?






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Campagne pour l’abolition définitive des Noël blancs sur Terre



«Frosty the Coalman is a jolly happy soul.
He's abundant here in America, and he helps our economy roll.
Frosty the Coalman's getting cleaner every day.
He's affordable and adorable and helps workers keep their pay.
There must have been some magic in clean coal technology,
for when they looked for pollutants there were nearly none to see!»

Traduction libre:

«Glagla le marchand de charbon est un joyeux drille.
Il est partout ici en Amérique, et permet à notre économie de tourner.
Glagla le marchand de charbon devient chaque jour plus propre.
Il est adorable et abordable, et permet aux mineurs de garder leur emploi.
Il doit y avoir de la magie dans la technologie du charbon propre, car quand ils ont cherché des polluants, ils n'en ont pratiquement pas trouvé!»

Ce clip de Noël vous est grâcieusement offert par l’American Coalition for Clean Coal Electricity (ACCCE), le lobby étasunien du charbon. L’ACCCE regroupe 48 industries impliquées dans l’extraction du charbon et la production d’électricité à partir de cette source d’énergie fossile parmi les plus polluantes qui soient, qu’il s’agisse de son impact sur la qualité de l’air ou de la quantité de CO2 émise par unité d’énergie produite. Aux Etats-Unis, l’Union of Concerned Scientists a publié fin octobre un rapport alarmant sur les risques associés au «charbon propre», c’est-à-dire à la technologie de capture et stockage du CO2 dans le sous-sol.

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dimanche 7 décembre 2008

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2008 expliquée à ma fille



Tourné le samedi 10 août sur la plage d’Ostende par le réalisateur flamand Nic Balthazar (qui représenta la Belgique aux Oscars avec Ben X), ce clip a rassemblé bien plus de figurants pour sa réalisation que de citoyens dans les rues de Bruxelles pour manifester, ce samedi 6 décembre, pour une loi nationale visant à réduire annuellement les émissions de CO2. S’ils étaient 6.000 à fouler le sable ostendais cet été, ils ne furent que... 500 à battre le pavé de la capitale quatre mois plus tard:



Le 2 décembre, les syndicats européens du métal ont mobilisé pour leur part quelque 11.000 personnes contre la mise aux enchères des quotas de CO2 à partir de 2013 dans l’industrie lourde. Donc contre le climat, à cause du chantage à l’emploi exercé par les lobbies industriels:



On comprend ces hommes et ces femmes qui défilent en récitant poliment le bréviaire patronal. Ils ont des factures à payer, comme tout le monde. Leur cortège constituait néanmoins un «long paradoxe contemporain», comme l’a souligné Paul Hermant dans sa chronique radio sur la Première. A l’instar de la fuite des cerveaux (brain drain) et de la fuite des capitaux (tax evasion), c’est toute la question de la «fuite du carbone» (carbon leakage) qui se pose ici crûment. Et on n’a pas fini d’en parler tant qu’un accord mondial sur le climat — un «Kyoto 2» négocié l’an prochain à Copenhague — n’aura pas été signé...

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