lundi 30 octobre 2006

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Après McDo...

Ce petit bouquin, qui se lit d’une traite, démystifie avec brio et une bonne dose d’humour les «promesses» sociales et écologiques de la séduisante multinationale jaune et bleue.
Paradis fiscaux, travail des enfants, syndicats indésirables, produits polluants,... : le capitalisme nordique d’Ingvar Kamprad, quatrième fortune de la planète selon Forbes, ne déroge guère à la règle du profit à tout prix malgré une image sociale-écolo soigneusement entretenue.
Une enquête signée Oxfam-Magasins du monde, qui brise ainsi le rêve ikéen en allant notamment pousser la porte des sous-traitants asiatiques du géant suédois...

Ikéa, un modèle à démonter, Olivier Bailly, Denis Lambert & Jean-Marc Caudron, Luc Pire/Oxfam, 2006, 114 p.

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jeudi 26 octobre 2006

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Les récrés de Denis et Edwy

C’est la guerre entre Denis Robert et l’ex-trotskard en «exil» rue Royale. La vraie! Non seulement les deux hommes sont en concurrence directe pour la reprise de Libération, mais ils se fritent aussi violemment au sujet de l’affaire Clearstream (ceci expliquant sans doute cela et inversément). L’auteur de Révélation$ s’est ainsi donc fendu hier, sur son blog, d’une longue réplique à la chronique cinglante de Plenel parue dans Le Soir du 20 octobre.

«Depuis le début, ce gars-là se sert de son journal pour faire ou faire faire des articles assassins sur moi et personne ne lui dit jamais rien, s’énerve Robert. Ensuite ses papiers servent à l’avocat de Clearstream pour bâtir ses plaintes. Et personne ne dit jamais rien. Normal, il est salarié dans un grand journal et fait peur à tout le monde parce qu’il peut rouler ses petits muscles et écrire des papiers fielleux n’importe quand sur n’importe qui. (...) La moustache de Plenel et ses tirades de joueur de flûte ne m’ont jamais impressionné. Pour tout dire, je pense que Plenel est un usurpateur, un opportuniste, une sorte de kapo sans foi ni loi, très doué pour le baratin et pour monter des coups.» Le ton est donné!

Quand l’ego éclipse le fond

Ce différend passionnel entre les deux hommes est nourri semble-t-il par une vieille rancœur tenace comme une tache de fruit rouge. «Quand j’étais à Libé et que son journal et le mien étaient concurrents sur le terrain des affaires mettant en cause les balladuriens ou les socialistes, nous lui avons mis des dizaines de unes dans la vue, fanfaronne Robert. J’étais en concurrence directe avec lui et Gattegno. Neuf fois sur dix, Libé sortait des scoops avant le Monde

Sur le fond, la chronique de Plenel, nombriliste et déontologiquement douteuse (l’ex-directeur de la rédaction du Monde s’est porté partie civile dans le dossier Clearstream 2, son nom étant cité par le corbeau dans les bénéficiaires de comptes bidons), est à côté de la plaque. La réplique de Robert, si elle est légitime, est sans grand intérêt autre que sociologique. Le vrai sujet, ce «combat du 21e siècle» qui concerne tous les démocrates désireux d’une plus grande justice fiscale, c’est celui du contrôle des transactions financières internationales. Pas cette guéguerre d’ego entre deux journalistes rivaux et narcissiques. Or la question de la fiscalité à l’heure de la mondialisation reste sur le carreau politique. Seule la société civile semble s’en être réellement emparée (via notamment le Réseau mondial pour la justice fiscale), avec les moyens modestes qui sont les siens.

«Européaniser» Clearstream

Pendant ce temps, Robert est obligé de perdre son temps au tribunal ou de se justifier dans les médias. Il est vrai qu’il l’a en partie cherché en étant pour le moins léger dans son interprétation de l’acronyme DGSE. Mais balayer d’un revers de main, pour cinq lignes erronées, des années d’enquête (trois bouquins, deux films), une mission parlementaire sur le blanchiment, des témoignages accablants, etc., ce serait faire une erreur monumentale.

«Clearstream est devenu, dans les faits, un intermédiaire incontournable pour le versement de commissions occultes, l’évasion fiscale et des transactions secrètes portant sur des montants colossaux, lesquelles échappent ainsi au contrôle des banques centrales (qui ne protestent guère!): un vrai trou noir de la finance internationale», résumait Philippe Béchade dans une récente chronique proposant ni plus ni moins de... nationaliser Clearstream. Ce qui ne changerait sans doute pas grand-chose connaissant le nationalisme financier grand-ducal. Transformer Clearstream en institution publique européenne, sous contrôle direct des eurodéputés, voilà ce qu’il conviendrait sans doute de faire. Tout l’enjeu consisterait, dans un premier temps, à rendre ce combat «sexy» aux yeux du politique et de l’électeur. Et il ne l’est a priori pas moins que d’autres.

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lundi 23 octobre 2006

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16 millions d’idiots

Je découvre, grâce à l’excellent Philippe Gammaire, cet extrait percutant de Jean-Louis Murat (que j’aime beaucoup musicalement et axiologiquement) lors d’un passage chez Ruquier mi-septembre. Le populisme de marché défendu par la lamentable rédactrice en chef de Closer (un ramasse-pubs people dans la veine de Voici et Gala), déprimera tout qui a la moindre ambition de travailler à faire progresser la démocratie dans le monde.



Lire également le post de Philippe sur Stéphanie Gonier, cette femme courageuse qui s’est légitimement insurgée contre son employeur, Nissan, pour des raisons archéo-sexistes que je vous laisse déplorer ici. Le vrai capitalisme, mondialisé, déteste les femmes, ces jolies créatures qui font vendre mais qui sont incapables de trimer quand elles ont un mioche dans le bide ou sur les bras.

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mercredi 4 octobre 2006

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Le combat du 21e siècle

«Le problème, c’est que le contrôle public des transactions financières est un sujet très compliqué dont tout le monde se fout. Mis à part Montebourg et moi-même, rares sont les politiques à s’être intéressés à ces questions. Et pour cause: ce n’est pas porteur électoralement. Pourtant, il faut que la gauche prenne conscience que le contrôle des transactions financières constitue le combat du 21e siècle.»
Vincent Peillon, à propos de l’affaire Clearstream 1 (Technikart, juin 2006).

Début août, le journaliste-écrivain-réalisateur Denis Robert a reçu une «lettre inamicale» du premier ministre français, Dominique de Villepin, qui le poursuit pour diffamation. En cause, notamment, l’affirmation de Robert dans son dernier livre Clearstream, l’enquête (2006) selon laquelle de Villepin aurait joué un rôle actif dans l’affaire Clearstream 2, pour éliminer son rival Nicolas Sarkozy «en utilisant la justice pour règler les comptes politiques de la Chiraquie».

Début septembre, c’est la chambre de compensation luxembourgeoise elle-même qui s’est rappelée au bon souvenir du journaliste. Clearstream assignait alors Robert à comparaître devant le tribunal d’arrondissement de Luxembourg pour diffamation avant le 6 octobre, et lui réclamait – au passage – 100.000 euros de dommages-intérêts. De quoi inciter les journalistes «fouille-merde» à la prudence...

Quand Barroso couvre Bolkestein

Robert, ex de Libé (lire notamment sa «lettre de rupture» historique à Serge July), enquête depuis plusieurs années sur Clearstream et les coulisses de la finance mondialisée. Il a publié trois livres, un roman et réalisé deux films sur cette affaire complexe qui lui pollue désormais méchamment l’existence. Depuis 2001 en effet, une avalanche de procès pour diffamation s’abbat sur lui dans la plupart des pays où ses ouvrages et ses films ont été diffusés. L’essentiel de ces poursuites provient de Clearstream et de la sulfureuse banque russe Menatep, où Frits Bolkestein officie en tant que conseiller de la direction depuis la fin de son mandat de commissaire européen.

Précisons qu’en 2001 Bolkestein lui-même s’est opposé à l’ouverture d’une enquête parlementaire sur Clearstream. A l’époque, le très libéral commissaire hollandais était déjà lié à la Menatep puisqu’il y siégeait au sein du Conseil consultatif international. Interpellé en mai 2005 par l’eurodéputé batave Paul van Buitenen (l’homme qui fit tomber la Commission Santer en 1999), Jose Manuel Barroso n’a pas jugé bon d’ouvrir une enquête parlementaire sur cet embarrassant conflit d’intérêt. «A Bruxelles, tout repose sur les réseaux informels pour faire bouger les choses», déclarait, fataliste, van Buitenen en avril dernier.

Ami débauché par Clearstream

Bref, Denis Robert croule sous les assignations. Mais il gagne presque toujours ses procès, m’expliquait-il lors d’un entretien réalisé il y a deux ans et demi. Quand ce n’est pas le cas, ses rares condamnations se résument la plupart du temps à un euro symbolique. Cette «stratégie de l’épuisement» n’a jusqu’ici pas (encore?) porté ses fruits. Même si, dans cette guerre des nerfs aux enjeux planétaires, Clearstream est allée jusqu’à embaucher comme attaché de presse un de ses proches amis, journaliste à l’AFP, avec lequel il avait couvert de longs mois durant la sombre affaire Villemin. Mais Denis Robert, journaliste de combat, a des nerfs d’acier. Son dernier livre, paru avant l’été, lui a valu «une petite dizaine» de nouveaux procès, dont celui intenté par Villepin. «Je suis une petite PME à moi tout seul», ironise-t-il sur son blog...

L’intégrale de ses films, dont deux consacrés à Clearstream, sort demain en DVD.

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