C’est un fait scientifique : injecter de l’hydrogène dans la chambre de combustion d’un moteur améliore la combustion du carburant, quel qu’il soit (essence, diesel, LPG…). Tout le challenge consiste dès lors à concevoir une technologie sûre, efficace et bon marché qui produit et achemine de l’hydrogène dans la chambre de combustion.
Ces derniers mois, quasi simultanément et de façon indépendante, un inventeur français et quatre sociétés canadiennes ont annoncé avoir relevé ce défi. Tous promettent des économies de carburant de l’ordre de 10 à 40 %, ainsi que des émissions polluantes fortement réduites.
Le réacteur «H2N-Gen» de la société Innovative Hydrogen Solutions (IHS), basée à Winnipeg au Canada, contient un petit réservoir d’eau distillée et de l’hydroxyde de potassium, notamment. Le dispositif est alimenté par un courant électrique provenant de la batterie du véhicule. Par électrolyse, ce courant décompose l’eau en hydrogène et oxygène gazeux (H2 et O2) qui sont ensuite dirigés vers le collecteur d’admission du moteur où ils se mélangent aux vapeurs d’essence. Comme l’hydrogène est beaucoup plus inflammable que l’essence, explique Joe Williams, PDG de IHS, la combustion démarre plus tôt, est plus complète et donc le rendement est amélioré (1).
Le bureau d’ingénieurs-conseils canadien Wardrop, fondé en 1955 et employant 600 personnes, a évalué et validé le prototype de IHS de façon indépendante (proof of concept). Les ingénieurs ont été tellement impressionnés par les résultats que Wardrop souhaite désormais s’associer à IHS pour peaufiner et commercialiser le réacteur !
De son côté, le Français Jean-Marc Moreau explique que son générateur produit un gaz hybride et instable composé d’hydrogène et d’oxygène monoatomiques (H et O). Il affirme en outre que ses rendements pour produire ce gaz sont bien supérieurs à ceux de ses concurrents nord-américains. L’été dernier, il a créé sa société, H2O Utopia Technology, basée en Maine-et-Loire. «La chambre de commerce et d’industrie de Saumur nous soutient et se propose de nous guider vers les cabinets compétents en homologation et certification», explique Moreau, ajoutant que plusieurs partenaires financiers, dont des investisseurs étrangers, sont déjà sur le coup.
Trois autres sociétés canadiennes vendent déjà de tels réacteurs, mais pour les poids lourds uniquement (2). Seuls IHS et H2O Utopia Technology annoncent la commercialisation, courant 2006, de petits dispositifs pour les automobiles à un prix oscillant entre 1 000 (IHS) et 1 200 euros (Utopia).
On est évidemment ici bien loin de la logique open source. La technologie de Jean-Marc Moreau possède néanmoins toutes les autres caractéristiques du mouvement décrit dans ces pages : elle a été développée par un inventeur «d’en bas», exploiterait des phénomènes physico-chimiques mal connus, a été développée empiriquement et recèlerait un certain potentiel «décentralisateur» (l’hydrogène auto-produit sous le capot rendrait l’utilisateur un peu moins dépendant du pétrole). «Publier tous les plans sur Internet pourrait faire fuir les investisseurs, qui recherchent en général l’exclusivité», estime Moreau. L’avenir nous dira qui de Moreau ou Pantone avait vu juste.
D.L.
(1) «Can this man save the world ?», The Montreal Gazette, 17 septembre 2005 ; «Taming Your Gas Guzzler», Popular Science, décembre 2005.
(2) Canadian Hydrogen Energy Company (chechfi.ca), Dynamic Fuel Systems (dynamicfuel.com) et Hy-Drive Technologies (hy-drive.com).
En savoir +
Utopiatech.fr
IHSresearch.com
Retour au sommaire du dossier
Ce texte a été publié dans le bimestriel belge Imagine. S’il vous a plu, merci de bien vouloir considérer d’acheter le magazine en version papier ou électronique (PDF), voire de vous y abonner.
samedi 18 février 2006
L’autre voiture à hydrogène
Publié par David Leloup à 17:09
2 commentaires:
ou en est l'aventure hydrogene ? est ce la fin des hydrolyseur embarquer ? en tout cas impossible de s'en procurer un. bizarre !
Effectivement, rien ne bouge sur ce front, c'est le moins que l'on puisse dire... Il conviendrait de recontacter les acteurs du secteur afin de voir ce qui "coince". Le bureau d'ingénieurs canadien Wardrop, par exemple, qui a validé le "proof of concept" d'IHS et proposé des améliorations techniques.
Quant au français Jean-Marc Moreau d'UtopiaTech, il fait le mort et semble avoir renoncé à développer son prototype. Sur les forums spécialisés qui abordent ces questions, Moreau semble avoir perdu tout crédit à cause de son amateurisme en affaires.
J'ai d'autres priorités pour le moment, mais si quelqu'un (média ou particulier) est prêt à m'acheter un papier sur le sujet, j'enquêterais volontiers pour lui sur la question.
Poster un commentaire