vendredi 24 février 2006

Impérialisme humanitaire

C’est le livre d’un homme de gauche, profondément pacifiste, qui se sent bien seul aujourd’hui. Une sorte de lettre ouverte à des compagnons de route qui se seraient égarés en chemin, séduits et aveuglés par les sirènes du «droit d’ingérence». C’est donc également une réponse argumentée aux Guerriers de la paix de Bernard Kouchner, «père» du concept d’ingérence humanitaire.
Pour Jean Bricmont, professeur de physique théorique à l’université catholique de Louvain-la-Neuve (Belgique) et intellectuel altermondialiste, l’ingérence militaire au nom des droits de l’homme est un dangereux cheval de Troie idéologique qui a permis à l’interventionnisme militaire occidental de trouver sa légitimité au sein de mouvements qui lui sont en principe complètement opposés.
Avec du recul historique, Bricmont tente de comprendre comment ce paradoxe a pu s’imposer. Il passe en revue les différents arguments, pièges et illusions qui ont conduit, ces dernières années, une bonne partie des mouvements pacifistes, écologistes et progressistes à finalement «faire le jeu» unilatéral et guerrier de la super-puissance militaire étasunienne. Au lieu de soutenir un Etat impérialiste qui, au nom de ses intérêts économiques, s’oppose systématiquement à tout progrès social au Sud, Bricmont propose de lutter activement pour le renforcement de cette avancée récente dans l’histoire de l’humanité: le droit international, «seul moyen d’éviter un état de guerre généralisé ou la dictature d’un seul pays».
Une réflexion stimulante pour ouvrir le débat sur le «droit-de-l’hommisme de gauche».
D.L.

Impérialisme humanitaire, Jean Bricmont, Aden, 2005, 253 p.

Ce texte a été publié dans le bimestriel belge Imagine. S’il vous a plu, merci de bien vouloir envisager d’acheter le magazine en version papier ou électronique (PDF), voire de vous y abonner.

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