«Merci à Clearstream, à la BGL et à Fortis, merci à la Menatep, à Nicolas Sarkozy et à Dominique de Villepin, aux plaintes et aux embarras judiciaires que chacun m’occasionne. Sans eux, nous ne ferions pas ce genre de soirée.» Denis Robert manie bien sûr l’ironie. Mais il est heureux, aussi. Samedi 10 novembre, la salle de la Passerelle à Florange, près de Metz, était comble. La soirée, organisée par son comité de soutien, visait à récolter des fonds pour aider l’ex-journaliste à couvrir ses frais de justice consécutifs au tsunami de poursuites judiciaires dont il fait l’objet depuis des années.
Sans relâche. «Alors que nous venons de gagner au Luxembourg deux procès montés par la BGL et le groupe Fortis, six (nouvelles) lettres recommandées viennent d’arriver à la maison qui m’annoncent que mes adversaires, Fortis en l’occurrence, viennent de me réassigner en France sur la base de plaintes quasi identiques à celles déposées au Luxembourg (toujours diffamation), écrivait samedi matin l’auteur de Révélation$ et La boîte noire. Une nouvelle preuve que ces empaffés ne me lâcheront jamais la grappe. Une nouvelle preuve que j’ai dû toucher là où ça (leur) fait mal.»
Guy Bedos, tête d’affiche de la soirée, a regretté l’absence des «plus grands éditorialistes de la presse dite libre, de gauche, parce que c’est un scandale ce qui arrive là à [Denis Robert], il a fait son métier».
En décembre 2006, l’association Reporters sans frontières avait déjà condamné la «multiplication des poursuites à l’encontre de Denis Robert dans le cadre de l’"affaire Clearstream"», un «"matraquage" [qui] témoigne d’une volonté de le réduire au silence.» A ce jour, 459 journalistes seulement, parmi lesquels Florence Aubenas, Bernard Langlois, Paul Moreira, John Paul Lepers ou Denis Delbecq, ont envoyé un scan de leur carte de presse en soutien à Denis Robert. Parmi eux, seulement trois Belges...
La Fédération européenne des journalistes (FEJ), qui représente plus de 250.000 journalistes dans plus de 30 pays, manifestait le lundi 5 novembre un peu partout en Europe contre les «pressions économiques et politiques, la marchandisation de l’information, l’autocensure, la précarité et le non respect du principe de protection des sources». Pour faire passer ce message, la FEJ, l’AJP et son pendant néerlandophone, la VVJ, avaient même réalisé un chouette pastiche de tabloïde.
Cela n’aura pas suffit. Selon PressBanking, Le Soir est le seul média de presse écrite belge francophone (1) à s’être fendu d’un papier dans son édition du lendemain (373 mots en page 38).
Du côté des partis politiques, ni le PS, ni Ecolo, ni le CDH n’ont soutenu cette action par voie de communiqué. Il fallait lorgner à droite, du côté de l’avenue de la Toison d’or, pour trouver une news solidaire avec les revendications de la FEJ...
Ironie du sort, ce même 5 novembre, en France, le quotidien économique Les Echos était racheté par Bernard Arnault, PDG du groupe LVMH, première fortune de France et septième de la planète.
(1) Recherche effectuée entre le 1/11 et le 12/11 sur les quotidiens et hebdomadaires suivants: Vers l’Avenir - toutes éditions, Le Courrier, Le Soir, La Dernière Heure, L’Echo-Actualités (2007), Le Jour Liège, Le Vif/L’Express, La Libre Belgique, La Tribune de Bruxelles, L’Avenir du Luxembourg, Le Jour Verviers, Trends/Tendances, Le Jour Huy-Waremme, Vers l’Avenir Brabant Wallon, Le Courrier de l’Escaut, Vers L’Avenir - Namur, La Nouvelle Gazette - La Province (archives), La Meuse - La Lanterne (archives), Grenz Echo, Cash NL, Nouvelles Graphiques, Knack Internetpoket, Knack Multimedia, Knack Gezondheid, Le Vif/L’express Weekend, De Huisarts, Guide de poche Internet, Knack Boeken, Le Journal des Enfants, Cash Personal Finance NL, Nest FR, Knack Focus, Le Vif Multimedia, Plus NL, Cash FR, Cash Personal Finance FR, Cash Beleggersalmanak, E-Tendances, Knack Weekend, Plus FR, SBJ Finance, Industrie NL, BIZZ FR, BIZZ NL, Knack, Cash Almanach de l’investisseur, Semper FR, Sports FR, Le Généraliste, Dotgov FR, Le Vif/L’express Santé, E-Trends, Dotgov NL, Trends, Semper NL, Business in Meeting, Coup d’oeil, Industrie FR, Nest NL, Grafisch Nieuws, Sports NL.
5 commentaires:
Chouette, voilà notre critique journaliste de retour, je me languissais de ses commentaires pertinents. Bravo aussi pour faire partie des 3 journalistes belges qui soutiennent l'ami Denis...
Pour ne pas vous farcir le recensement de la longue liste publiée en plusieurs morceaux (ce que je viens de faire), les deux autres Belges sont Frédéric Loore (indépendant) et José Dessart (RTBF, ex-Faits Divers).
bien vu, le cas de denis robert est en effet tout a fait symptomatique de l'état de la profession
Ca bouge,ça bouge: Renaud vend une de ses toiles dont la moitié de la vente (aux enchères) ira au comité de soutien de DR
...et voilà le lien:
http://peinepartagee.blogspot.com/
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