lundi 30 octobre 2006

Après McDo...

Ce petit bouquin, qui se lit d’une traite, démystifie avec brio et une bonne dose d’humour les «promesses» sociales et écologiques de la séduisante multinationale jaune et bleue.
Paradis fiscaux, travail des enfants, syndicats indésirables, produits polluants,... : le capitalisme nordique d’Ingvar Kamprad, quatrième fortune de la planète selon Forbes, ne déroge guère à la règle du profit à tout prix malgré une image sociale-écolo soigneusement entretenue.
Une enquête signée Oxfam-Magasins du monde, qui brise ainsi le rêve ikéen en allant notamment pousser la porte des sous-traitants asiatiques du géant suédois...

Ikéa, un modèle à démonter, Olivier Bailly, Denis Lambert & Jean-Marc Caudron, Luc Pire/Oxfam, 2006, 114 p.

9 commentaires:

Anonyme a dit...

c'est un peu un livre tabou que celui-là, non? tout le monde ou presque va chez Ikéa. est-ce que ce n'est pas contre-productif pour Oxfam de faire campagne sur une multinationale aussi consensuellement acceptée et bien vue par la population?

Aurélien

David Leloup a dit...

Effectivement, ça peut paraître risqué voire suicidaire. Denis Lambert (secrétaire général d'Oxfam-Magasins du monde) a déclaré: "en faisant notre enquête, nous avons presque rencontré plus de résistance de la part des consommateurs que de la direction d'Ikea elle-même" !! (Le Soir)
Cela dit, cette campagne est d'autant plus interpellante qu'Ikéa, où nous allons tous, véhicule un modèle non durable basé sur la surconsommation et le gaspillage...

Anonyme a dit...

Est-ce que vous connaissez un site bien fait sur la responsabilité sociale des entreprises multinationales avec des informations à jour? Pour répondre à des questions dans le genre de celles abordées dans ce livre mais sur d'autres compagnies?

merci, pour la réponse et pour Médiattitudes

David Leloup a dit...

@ Yannick
Il y a Transnationale.org qui est très complet ("11.000 entreprises décryptées et notées, classées par pays, et par dirigeant"), multilingue et bien sourcé, mais c'est payant:
http://fr.transnationale.org/
En démo gratuite, le profil de Coca-Cola, pour se faire une idée:
http://fr.transnationale.org/members/1.htm

Sinon, du côté anglo-saxon j'étais tombé sur un excellent site mais je dois effectuer qq recherches dans mes mails. A suivre ici sous peu...

David Leloup a dit...

...
Il y a évidement le site anglais CorporateWatch, mais ses profils d'entreprise ne sont pas tjs à jour:
http://www.corporatewatch.org/
Sa version US:
http://www.corpwatch.org/ (avec un moteur de recherche efficace)

Sinon il existe une multitude d'ONG "watchdog" centrées sur une seule entreprise: Halliburton Watch, CokeWatch, Bayer Hazard, etc. On tombe rapidement dessus en croisant les termes appropriés avec Google (qui n'échappe pas à la critique avec GoogleWatch: http://www.google-watch.org/ :-)

Au passage, pour l'anecdote, un site ultralibéral qui est opposé à l'idée même de RSE, accusée de "distraire le monde des affaires des affaires". Ils suivent et critiquent les ONG qui militent pour la RSE et recommandent chaudement la lecture d'un texte de Milton Friedman dont le titre est éloquent: "The Social Responsibility of a Business Is to Increase Its Profits". Les choses sont claires:
http://www.csrwatch.com/
Leur pétition réclamant la tête du PDG de BP notamment parce qu'il a dépensé des budgets en RSE vaut également le détour:
http://www.freeenterpriser.com/BPLetter.aspx

Hope this helps...

Anonyme a dit...

It does, un grand merci!

Anonyme a dit...

Un point intéressant à souligner, c'est qu'Ikea fait tout pour se mettre en conformité au minimum accepté par le consommateur: plus de travail d'enfants, etc.
Par ailleurs, dans ses usines indiennes, les travailleurs jouissent de conditions de travail et de rémunération généralement plus décentes que la plupart de leurs semblables des usines voisines.
Autrement dit, le bouquin reconnait qu'Ikea fait des efforts à toute une série de niveaux (même s'ils ne sont pas désintéressés).
Ma lecture, c'est que ce n'est pas tant Ikea qui est à blâmer que notre mode de vie, de consommation, qui ne peut que se retourner sur le dos d'autres gens ou de l'environnement. Ce n'est pas à Ikea de changer, mais au consommateur de le faire changer...
Une autre lecture me semble trop facile: on critique une boîte qui marche, mais dans le fond on s'en lave les mains, on "oublie" de prendre nos responsabilités.

David Leloup a dit...

@Fred:
oui, c'est ce que je répondais à Aurélien ci-dessus: la sympathique et familiale Ikea nous renvoie une image en miroir de nous mêmes, et c'est ça le plus intéressant dans cette campagne (mais aussi le plus dur à avaler!). Tu as raison de souligner que ce bouquin n'est pas un brûlot anti-Ikea et que la firme fait de réels efforts qui sont à juste titre relevés par les auteurs. Sur le travail des enfants, il y a eu plusieurs scandales en 1994 (Pakistan; "des gamins enchaînés aux machines"), en 1995 (Inde; "des enfants de 5 à 6 ans qui tissent des tapis pour Ikea, près de Delhi") et en 1997 (Inde, Viêtnam & Philippines), mais aujourd'hui tout cela serait de l'histoire ancienne selon Oxfam.

Anonyme a dit...

un papier sur le sujet (en Inde) dans le Monde Diplomatique de décembre:
http://www.monde-diplomatique.fr/2006/12/BAILLY/14239