vendredi 14 octobre 2011

Un Gorbatchev à 400 € la minute



Les honoraires de Mikhaïl Gorbatchev pour sa conférence donnée lundi passé à Liège seraient de 100.000 dollars. La SRIW, l’organisme public qui a payé l’addition, refuse de confirmer ce montant.

Le passage éclair de Mikhaïl Gorbatchev à Liège, le temps d’une conférence donnée lundi soir au Palais des Congrès devant 2.000 personnes, aurait coûté la bagatelle de 100.000 dollars (73.000 euros) au contribuable wallon. Des honoraires réglés par la Société régionale d’investissement de Wallonie (SRIW), un organisme dont la Région Wallonne est actionnaire à 98,66%. La SRIW refuse de confirmer ce chiffre, recueilli pourtant à bonne source.

A 80 ans, l’ancien président de l’Union Soviétique monnaie au prix fort ses apparitions publiques. Et ce même lorsqu’il est en tournée pour faire la promotion d’un de ses livres. Le titre de sa conférence liégeoise, « De la guerre froide à un monde durable », était en effet identique à celui de son dernier ouvrage, paru en mars dernier.

Le 21 octobre prochain, le prix Nobel de la paix 1990 prononcera le même exposé devant la chambre de commerce de Montréal. Le prix des places les moins chères est fixé à 325 dollars canadiens (232 euros). A Liège, l’entrée était gratuite.

Mikhaïl Gorbatchev est resté en tout et pour tout trois heures dans la cité ardente. «Il est arrivé peu avant 18 heures et est reparti sur Bruxelles vers 21 heures», confirme Eric Winnen, le patron de la société de communication qui a assuré la logistique de la soirée. La présence à Liège de cet invité de prestige aurait ainsi coûté 400 euros la minute au contribuable wallon.

Jean-Pascal Labille, président de la SRIW, refuse de confirmer le «prix» de Gorbatchev, estimant que ce serait du «voyeurisme». «Le chiffre que vous citez est supérieur à la réalité des choses, c’est tout ce que je peux dire. Cela fait quatre ans que nous organisons des conférences avec des gens qui sont des pointures dans le domaine financier ou géopolitique. En 2008, nous avons invité Joseph Stiglitz à Liège, en 2009 Paul Krugman à Louvain-la-Neuve, et en 2010 Muhammad Yunus à Mons. Le budget de la conférence de lundi était comparable à celui des événements précédents.»

Et Jean-Pascal Labille d’insister sur les aspects positifs de ces conférences. «Nous faisons venir en Wallonie des hommes qui n’y viendraient pas naturellement. Lundi, trois à quatre cents étudiants ont pu bénéficier de l’expérience de Mikhaïl Gorbatchev, un penseur puissant. Ces conférences permettent aussi de réunir dans un même cénacle le monde de l’entreprise et de l’université. Mais il est clair que ces orateurs ne sont pas des philanthropes, et qu’ils ne viennent pas pour rien.»

Quant à l’université de Liège, elle a profité de la venue de Stiglitz et Gorbatchev pour leur décerner ses insignes de docteur honoris causa. Sans bourse délier.

David Leloup

A lire également dans Le Soir (html) (PDF)

1 commentaire:

Alia a dit...

J'avais lu cet article dans Le Soir. J'avais été choquée.
Je viens de le re-parcourir. Quand on connaît les efforts demandés à la population pour "faire des économies", il y a vraiment de quoi être écoeuré!