mercredi 15 mars 2006

Le monde de Sophie


Depuis quelques jours, les amateurs de pop songs mélancoliques ont l’opportunité de découvrir en MP3, sur le site Internet de Sophie Galet, trois titres à paraître prochainement sur son premier album. A l’instar du foudroyant succès des jeunes Anglais d’Arctic Monkeys, qui se sont fait connaître notamment en mettant leurs morceaux en téléchargement gratuit sur la toile, la chanteuse liégeoise parie sur le podcasting et le bouche-à-oreille des blogs en réseau pour trouver son public. Saluons d’emblée la démarche, aux antipodes de la logique paranoïaco-mercantile des majors infocapitalistes de l’industrie du disque qui n’ont pas encore compris l’équation de la «nouvelle nouvelle économie», si bien formulée par Joël de Rosnay: flux + buzz = bizz. Alors que l’album n’est pas encore sorti, elle a ainsi déjà un fan à Hong Kong. Un disquaire qui veut y vendre son CD!
Mais qui diable est Sophie Galet? Une jeune trentenaire. Belge. Graphiste de jour. C’est elle qui commet notamment les très belles mises en pages dont bénéficie Imagine depuis un an. La nuit, quand elle ne blogue pas, elle peaufine le mixage et le graphisme de son premier album, autoproduit, enregistré l’été dernier au studio de la Soundstation, à Liège. Mais maintenant, tout est prêt. Elle a trouvé un distributeur – Bang! – et début avril, Cyclus sera enfin disponible dans les bacs.

Exutoire

Selon les mots de Sophie, cet album est «une sorte d’exutoire contenant l’essence de ces dix dernières années». Ecrit entre Londres (où elle fût jeune fille au pair en 1993) et Seraing (où elle vit et travaille aujourd’hui), Cyclus boucle ainsi symboliquement une décennie pour le moins mouvementée sur le plan personnel...
Les trois chansons disponibles en téléchargement, douces et intemporelles, méritent qu’on y jette une oreille. Vraiment. Et je n’écris pas ça parce que je connais Sophie depuis 15 ans.
«My vision’s gone», le single calibré FM que l’on peut entendre actuellement sur les ondes de La Première, est une pop song efficace qui se laisse fredonner facilement. Si les couplets, avec leur riff de guitare à contretemps, ont des réminiscences du «Sonnet» de The Verve (sur Urban Hymns), le refrain lorgne plutôt du côté de l’Irlande des Cranberries, avec ses jolies inflexions de voix à la Dolores O’Riordan.
Mais le spectre musical de Sophie s’élargit considérablement à l’écoute des deux autres morceaux. Avec son vent synthétique en intro, ses guitares limpides qui ricochent dans les oreilles et tournoient dans la tête comme un carrousel exhumé d’un lointain souvenir d’enfance, «Beautiful landscape» nous promène dans des paysages bucoliques, apaisés après une grosse tempête. On jurerait entendre des chants d’oiseaux. On les a rêvés. Gamine, Sophie voulait être à la fois «chanteuse» et «garde forestier»: elle a réussi son coup.
Quant à «January», jolie berceuse intimiste sobrement accompagnée par un orgue seventies entièrement au service de la voix, elle n’a mélodiquement rien à envier aux balades pianistiques d’un Scott Walker ou d’un Chris Martin. Onirique.

Nuits Botanique

L’album est produit par le félin Miam Monster Miam (oui, celui qui chante «Sophie»...), dont la patte artistique est très présente puisqu’il signe également quatre morceaux et en cosigne cinq.
Pour l’heure, Sophie répète beaucoup. Elle défendra son album sur scène dans les semaines qui viennent, avec, peut-être, l’une ou l’autre chanson en français... Au programme, notamment, une première partie le 5 mai aux Nuits Botanique à Bruxelles et une apparition radiophonique live, le samedi 25 mars à 16h00 sur La Première, dans l’émission «Quand les jeunes s’en mêlent». D’autres dates sont programmées, notamment à Liège fin mars et en avril. En attendant, offrez-vous donc une parenthèse musicale. C’est ici qu’elle s’ouvre. Parviendrez-vous à la refermer?

Téléchargez le single «My vision’s gone» en MP3.
Ecoutez les trois titres sur SophieGalet.com.
Cyclus sera dans les bacs en avril (Bang!).

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