mercredi 30 août 2006

«Le gratuit stresse tout le monde»

«La promo aujourd’hui commence avec les gratuits. McDo, Carrefour, Conforama, ils ont tous des gratuits; être dedans fait vendre, il paraît. Les gratuits, ça se joue là-dedans, comme on dit à France Culture. Le gratuit stresse tout le monde. Ils ont des tirages énormes. Et les gens écoutent ce que dit le gratuit, comme si le conseil du gratuit était plus fiable. Ils doutent du conseil du payant, comme si le gratuit était libre et le payant inféodé. C’est un mouvement de fond. Nous sommes au cœur du sujet: la gratuité est synonyme de liberté. Puisque la liberté ne coûte rien, forcément. Ce qui est un mensonge.»

Jean-Louis Murat, évoquant la promo de son nouvel album, Taormina (Scarlett/V2), dans Le Monde.

J’aime bien Murat et sa grande gueule de franc-tireur montagnard. Complètement atypique – le bonhomme a sorti sept CD, DVD ou livres en 3 ans –, ce fouteur de pieds dans le plat a récemment été débarqué par Virgin en fin de contrat. Le voici à présent sur le label indépendant V2, auquel il aurait bradé son nouveau disque: «Je leur ai fait à moitié prix», dit-il. Le prix de l’indépendance...
Si la presse gratuite et le Web rendent nerveux les «vieux» médias de la galaxie Gutenberg, la «gratuité» de la musique sur le Net stresse depuis des années les majors musicales. Seraient-elles en train de se réveiller? Apparemment oui, mais discrètement. Elles expérimenteraient depuis peu de nouveaux modèles économiques: création d’un label à part qui tente un nouveau mode de partage des bénéfices avec les artistes, vente de chansons plus chères mais sans DRM, offre de différentes options tarifaires pour des CD (du CD de base à l’objet de collection), vente de packages combinant abonnements et supports à prix promotionnels… Une démarche innovante dopée par la forte progression des ventes de musique en ligne qui, selon la RIAA, devraient atteindre 1 milliard de dollars en 2006.
Mais pourquoi ne pas carrément vendre de jolies pochettes vides que les internautes rempliraient de CD gravés contenant le fruit de leurs téléchargements? Que ceux-ci soient issus d’une plateforme de téléchargement légale ou non, la vente d’un bel emballage permettrait de colmater des «fuites» – de toutes façons inéluctables – de revenus potentiels. Pour 3 euros, par exemple, on trouverait la pochette vide du dernier Robbie Williams à la FNAC, et toutes celles de la longue traîne par e-commerce sur la toile.
Bien sûr, la génération i-Pod s’en tape des pochettes. Mais va-t-elle seulement fouiller dans les bacs des disquaires, si ce n’est des disquaires virtuels? La cible, c’est les nostalgiques du CD qui téléchargent. Et il y en a beaucoup.

2 commentaires:

Anonyme a dit...

Bonjour,
Le Soir nous apprend aujourd'hui que Universal proposerait de mettre "gratuitement" son catalogue musical en ligne. "Gratuitement", mais contre de la pub, qui coûte cher, très cher (en Belgique chaque personne paye -moyenne- 240 euros de pub via ses achats).
Une gratuité vraiment pas donnée.
JB

L'article: http://www.lesoir.be/la_vie_du_net/societe/2006/08/29/article_universal_music_secoue_le_pommier.shtml

David Leloup a dit...

bonjour et merci de ce complément d'info. Effectivement, la dépêche AFP reprise par le Soir présente un des nombreux modèles économiques testés par ces majors en déroute. On en apprend un peu plus sur le site du Figaro, actualisé il y a une bonne heure:
SpiralFrog utilisera le format Windows Media Audio (WMA). Après s’être inscrit sur le site et avoir visionné une série de publicité [sic!], l’internaute pourra installer les chansons sur un ordinateur fixe et deux lecteurs portables compatibles avec ce format, selon le blog TechCrunch, qui cite l’attaché de presse de la start-up. Le format choisi exclu [resic!] d’office l’iPod, le baladeur vedette d’Apple. De plus, selon Lance Ford, en charge du marketing de SpiralFrog, les fichiers téléchargés ne pourront pas être gravés sur un CD. (...)
A la place de SpiralFrog, j'obligerais les internautes à répondre à des quiz portant sur les pubs, pour être certain que le message est bien passé... Je mets d'ailleurs ma main à couper que ce sera le cas... Et oui, la gratuité n'aura jamais coûté aussi cher!