mardi 14 novembre 2006

Ultramoderne spermitude

Gluant, blanchâtre mais surtout biologiquement sinistré: dans sa nouvelle campagne, Greenpeace vous révèle tout ce que vous avez toujours voulu savoir sur le sperme sans jamais avoir osé le demander. Avec en prime, pour appuyer le message, un pastiche d’une scène d’anthologie tirée du film quasi éponyme de Woody Allen:



En focalisant sa campagne uniquement sur les substances chimiques, en grande partie responsables du déclin de la qualité du sperme dans les pays industrialisés, Greenpeace est en phase avec ses références cinématographiques, mais en retard d’une guerre. Certes, le problème de la pollution chimique de l’environnement est plus que préoccupant, et les débats actuels sur REACH au parlement européen ne sont pas sans orienter les priorités de l’ONG environnementaliste en matière de communication (le vote de REACH, en seconde lecture, est prévu la semaine du 11 décembre). Mais la «pollution du sperme» de l’homo sapiens occidental est très vraisemblablement amplifiée par l’impact des champs électromagnétiques (CEM) émis par les téléphones portables et autres antennes relais de téléphonie mobile (GSM et UMTS), y compris les bornes DECT des téléphones sans fil domestiques, les réseaux WiFi et WiMax.

Effets aigus confirmés... et à long terme?

En effet, il y a quelques semaines, une étude turque faisait état de résultats préoccupants en la matière. Sa conclusion? La motilité des spermatozoïdes est influencée in vitro par les CEM (900 MHz) émis par un téléphone portable classique. Des résultats qui se basent sur les échantillons de sperme de 27 hommes sains (la moitié de chaque échantillon a été exposée aux CEM, l’autre moitié pas). «En plus de ces effets aigus, soulignent les chercheurs de la Gulhane Military Medical Academy à Ankara, une exposition à ces CEM sur le long terme pourrait entraîner des changements comportementaux ou structurels dans les cellules germinales mâles. Ces effets pourraient s’observer plus tard au cours de l’existence, et ils devraient être étudiés plus sérieusement.»

Mais ce n’est pas tout. Une étude étasunienne présentée fin octobre à la Nouvelle-Orléans lors de la réunion annuelle de la Société étasunienne de médecine reproductive, a également montré que plus un homme passe de temps au téléphone portable, plus on observe de problèmes en termes de nombre, motilité, viabilité et morphologie des spermatozoïdes. Cette recherche a quant à elle été réalisée sur 364 hommes qui consultaient, avec leur partenaire, des cliniques de fertilité dans la région de Mumbai, en Inde.

Brosse à dents de la mort

Le Dr. Ashok Agarwal, principal auteur de l’étude et chercheur au Centre de recherche reproductive de la clinique de Cleveland, un des meilleurs hôpitaux des Etats-Unis, a déclaré à la presse, en parlant du téléphone portable: «C’est comme utiliser une brosse à dents, sauf que cela pourrait avoir un effet dévastateur sur la fertilité.»

Malgré cette citation taillée sur mesure pour des médias avides de contenus «sexys», l’info qui la sous-tend n’a été reprise que par une fraction de la presse étrangère anglophone (anglaise, australienne, néo-zélandaise et indienne). Aux Etats-Unis, où 225 millions d’Américains utilisent un téléphone portable, ce fut un non-événement total, s’étonne Louis Slesin, rédacteur en chef de la lettre d’information Microwave News, lue par tout le landerneau «branché CEM». Silence radio dans la presse francophone également, sauf une brève de... 63 mots dans Le Vif/L’Express du 10 novembre. Google Actualités recense quant à lui une seule citation, dans un quotidien électronique français, spécialisé et payant.

Etonnant, tout de même, quand on sait que ces deux études sont déjà des réplications de résultats antérieurs, connus depuis 1999 (Slesin cite une étude australienne, une hongroise et une turque). Et qu’en juin 2006, le cap des deux milliards d’utilisateurs de GSM a été franchi, 12 ans seulement après l’introduction de ce joujou qui pulvérise tous les records antérieurs d’adoption technologique. Le tiers de l’humanité possède donc aujourd’hui un téléphone portable. Dont une grande majorité d’hommes.
D.L.


Un dossier sur la téléphonie mobile, l’influence des sources de financement sur la recherche scientifique en la matière, et l’étrange attitude d’un haut responsable de l’OMS dans ce dossier sanitaire d’envergure, est disponible dans la dernière livraison du magazine bimestriel Imagine. En vente dans toutes les bonnes librairies et en ligne au format PDF.

12 commentaires:

Anonyme a dit...

Très drôle, et peut-être pas si triste: on peut toujours espérer que ce soit le groupe blanc-occidental-friqué qui y passe d'abord. Sans compter: le diabète, le manque de sport, les maladies cardiovasculaires, le cancer, l'abrutissement intellectuel… ouf ! si ça rééquilibre les choses par rapport au sida dans les pays pauvres, c'est qu'y a une justice!

David Leloup a dit...

@Flo
et bien en voilà une façon a priori optimiste de voir les choses... sauf qu'entre 2005 et 2006, la croissance de la téléphonie mobile s'est faite essentiellement au Sud:
"The second billion has been achieved in just two and a half years boosted by the phenomenal take up of mobile in emerging markets such as China, India, Africa and Latin America, which accounted for 82% of the second billion subscribers", explique la GSM Association (lobby des opérateurs) sur son site à propos du 2e milliard d'individus usagers de portables.

http://www.gsmworld.com/news/press_2006/press06_29.shtml

Chine, Inde, Afrique, Amérique Latine... Toutes des régions du monde où le sida sévit méchamment... Mais qui sait, les ondes s'en prennent peut-être de façon privilégiée aux spermatos porteur du VIH... :)

Anonyme a dit...

Excellente analyse !

Pas de doute les medias sont encore bien timides vis à vis de la pollution électromagnétique.

Pour y voir plus clair sur un dossier qui fâche - celui de l'implantation anarchique d'antennes GSM à proximité de lieux de vie - et se rendre compte de l'omerta qui règne sur ce dossier, rendez-vous sur : www.001.be.cx

Jean-Luc Guilmot

Anonyme a dit...

Excellent et des infos qui font frissonner... L'ennui c'est que malgré que je sois plutôt activiste, par rapport à mes camarades belges (je veux dire: je baisse rarement les bras avant d'avoir rué dans les brancards) je me rends bien compte que l'invasion hertzienne n'en est qu'à son début. Il me paraît totalement utopique de vouloir lui mettre fut-ce une brindille dans les jambes. Des ondes, on va en prendre encore plein la poire pendant des dizaines d'années, qu'on le veuille ou non, qu'on se batte ou pas, qu'on aie un GSM dans la poche (comme moi) ou pas -- vu qu'il y a probablement un relais GSM à moins de 500m de toute façon. On est cuits, mon gars ;o)

Anonyme a dit...

Réponse à Guzabi

C'est vrai qu'on n'imagine plus le monde sans téléphonie mobile. Mais s'envoyer des images, des vidéos, avec des fréquences et modulations encore plus nuisibles pour la santé que l'"ancien" système gsm, comme c'est le cas actuellement avec le wifi et l'umts, cela est condamné à très court terme. La dégradation de santé est trop importante, on arrivera à un étouffement qui va obliger une marche arrière. Les technocrates le sentent bien, qui sont en train de concevoir un combiné gsm avec simple récepteur de tv hertzien intégré... L'umts bientôt aux oubliettes, on parie ?

Anonyme a dit...

Il faudrais tout de même pas jetter le bébé avec l'eau du bain : si une surcouverture par des technologies et des normes absurbdes sont effectivement à l'oeuvre, il ne faut pas nécessairement condamner toute avancée dans le domaine. Le wifi, si tant est qu'il soit bien utilisé, pourrait permettre une TRES forte diminution des émitions comparé au GSM et à l'UMTS justement. son rayon d'action est nettement plus étendu que prétendu sur la notice de l'appareil, et en s'organisant, on peut lui faire accomplir des miracle avec des seuil d'émition 1000 fois inférieur à l'actuel GSM.
Le problème comme d'habitude ne se situe pas dans la technologie mais dans son utilisation, qui à l'heure actuelle est plutot de pigeonner le challant que de lui servir à quelque chose.
En Belgique nous somme couvert par un réseau internet filaire largement suffisant pour qu'en y ajoutant le wifi de manière réfléchie et parcimonieuse, on rivalise 100 fois avec l'UMTS pour des émissions ridicules comparément. Mais l'appat du gain est encore une fois la raison de ce gaspillage de moyens et de notre santé.
L'Economie véritable n'est pas "comment gagner le plus de flouse sur le dos des autres" mais "comment faire le max de choses avec le minimum de moyens". (ce qui est à l'opposé du capitalisme courant)
allez jetter un coup d'oeuil sur http://www.reseaucitoyen.be ... pour des communications libres et economes.

David Leloup a dit...

@Guzabi
"On est cuits"... à moins qu'à long terme il n'y ait pas ou très peu d'effets sanitaires. Personne ne le sait vraiment aujourd'hui... Les scientifiques constatent une flopée d'effets biologiques in vitro dont on ne sait s'ils auront des effets sanitaires à moyen ou long terme. Seule certitude: si on ne parle pas de cette problématique, ça risque d'être encore pire... Or les conditions d'incertitude sont réunies pour déployer le principe de précaution, en instaurant par exemple des normes d'émission plus strictes.

@Eric
Auriez-vous plus d'infos sur ces GSM récepteurs de TV hertzienne? J'ai trouvé ceci sur ZDNet, mais ça date de septembre 2004:
"Les consommateurs pilotes seront équipés d'un téléphone multimédia équipé d'un récepteur TV, pour recevoir par voie hertzienne 16 chaînes thématiques. (...)
Pour ce type d'application à destination des mobiles, les ondes herztiennes s'affichent de plus en plus comme une alternative aux réseaux mobiles à haut débit tel l'UMTS. Crown Castle a pu mener son expérimentation à bien, après avoir remporté aux enchères, pour 12 millions de dollars, une licence exclusive lui permettant d'exploiter une bande de fréquence (5 MHz) normalement réservée aux communications des ballons sonde et des satellites météo. La Federal Communications Commission (FCC) a d'ailleurs décidé en fin de semaine dernière de libérer 20 MHz de fréquence, afin de favoriser d'autres expériences d'accès internet à haut débit sans fil ou de "streaming" vidéo à destination des mobiles."

http://www.zdnet.fr/actualites/telecoms/0,39040748,39171552,00.htm
Et ceci, qui est plus récent:
"Le succès de la TV sur mobile dépendra de l’offre de contenus. La présence de marques fortes, à savoir les grandes chaînes nationales est indispensable. Comme le rappelle Florence Le Borgne, analyste à l’Idate, "l’échec relatif de ce s ervice en Corée du Sud, avec deux millions d’utilisateurs, s’explique par l’absence des grandes chaînes"."
http://silicon.fr/fr/silicon/news/2006/11/12/tv-mobile-personnalisation-cl

@Zorro-
"L'Economie véritable n'est pas "comment gagner le plus de flouse sur le dos des autres" mais "comment faire le max de choses avec le minimum de moyens"." :
J'ai également le sentiment que le WiFi pourrait être utilisé plus parcimonieusement et à meilleur escient. Existe-t-il des exemples concrets, grandeur nature, de villes pilotes qui ont mis en oeuvre ce "principe d'économie" en matière de technologie? Dans le Sud, par exemple?

@tous
Le site 001.be.cx de Jean-Luc Guilmot est un site citoyen qui regorge d'infos glanées sur les bases de données médicales publiques (PubMed...). Il est à l'origine de la une du Soir du mardi 3 octobre qui fait couler beaucoup d'encre en titrant "Les antennes GSM nuisent à la santé". Il est "orienté", puisqu'il a pour objectif d'alerter l'opinion, mais ce n'est pas un critère rationnel pour l'ignorer.

Anonyme a dit...

Réponse à David

A propos du futur combiné gsm/téléviseur : http://www.liberation.fr/actualite/medias/210603.FR.php

Réponse à Zorro

Le problème du wifi c'est la fréquence trop haute et donc des photons trop gros : l'énergie électrique des antennes est dispersée dans la nature sous forme d'une grande quantité de paquets élémentaires appelés photons. Si la fréquence est haute, les photons sont gros. Au plus un photon est gros, au plus il a des chances de réagir avec un atome. A plusieurs gigahertz, un seul photon peut changer l'état atomique d'un atome de potassium, par exemple, très présent et important dans le métabolisme de nos cellules. Alors que 1000 photons d'une fréquence 1000 fois plus petite, envoyés sur ce même atome, n'ont aucune influence sur ce dernier. Si au lieu de baisser 1000 fois la fréquence, on baisse 1000 fois la puissance de l'antenne, eh bien on aura moins de photons, mais il en restera (sinon plus de transmission possible), et ces quelques photons qui restent seront tout aussi dangereux, puisqu'il n'en faut qu'un pour changer un atome. Même chose si au lieu d'être à 1 cm de l'antenne, on se trouve à 1 km : on en aura moins, mais les photons qui restent seront aussi dangereux qu'à 1 cm, car ils n'auront rien perdu de leur énergie. Bon, quelques atomes foutus, ou même cellules, c'est pas grave, çà se recrée ...oui, sauf si le rayonnement continue. Or c'est le cas avec le wifi et l'umts. On a un petit danger, mais en permanence. Le Pr Nik Van Larebeke, cancérologue à l'Université de Gand, a montré, pour la dioxine, comme pour les rayonnements, que pour nos cellules, une petite dose qui dure est exponentiellement plus dangereuse qu'une grosse dose pendant un court instant. Voilà d'ailleurs pourquoi lorsque l'oms dit qu'on peut arrêter les études sur les antennes, qui émettent tout le temps, mais qu'il faut continuer celles sur les portables, qui émettent de temps en temps, elle commet une erreur fondamentale !

Imaginons, cher Zorro, que je mette à vos pieds 2 seaux : l'un rempli de gros cailloux, l'autre rempli de sable, et je vous oblige à vous en verser un sur la tête : lequel choisissez-vous ? Le sable, je parie, car Zorro ne se blesse jamais ! Et pourtant, il y a bien plus de grains de sable dans ce sceau, que de cailloux dans l'autre ! Pour les photons, c'est pareil : mieux vaut s'irradier avec de la fm puissante à 100 mhz, qu'avec un petit wifi léger à 2.4 ou 5.5 ghz. Maintenant, imaginons que vous n'êtes plus Zorro, mais un citoyen belge. Rudy Demotte (alias ministre de la santé) prend le seau de cailloux et vous le verse sur la tête. Après il vous en verse un autre, et encore un autre, et encore un autre...

Anonyme a dit...

...A l'infini ! Et tant qu'il y est, il vous verse le seau de sable aussi, en prime !

Anonyme a dit...

CEM = champs électromagnétiques

Problématiques des stations-relais d'antennes - Seuil d'exposition

Bien avant l’entrée en vigueur de la norme fédérale en matière d’émissions électromagnétiques (A.R. du 29 avril 2001 - 20,6 volts par mètre, Michel FORET, alors
Ministre de l’Aménagement du Territoire et de l’Environnement
appliquait un seuil d’exposition plus restrictif de 3 V/m !
Ce faisant, ll suivait ainsi l'avis et les recommandations émises par le Conseil Supérieur d'Hygiène.
Voilà un Ministre libéral (plus vert que bleu) qui avait pris une bonne décision ...

Mais voilà, au niveau fédéral, cette norme wallonne ne plaisait pas à la Groene Ministre de la Santé Publique Magda ALEVOET, une verte qui a viré au bleu. "De quoi se mêle t'il ce ministre régional ?"
Elle sortait une norme nettement moins sévère, une sorte de "compromis à la belge" pour ne pas froisser les opérateurs et surtout ne pas empêcher le déploiement du réseau UMTS !

Dans l’ A.R. du 10 août 2005, le rouge Rudy Demotte, le Ministre actuel de notre santé n’a quasiment rien changé ...

Anonyme a dit...

3 milliards d'utilisateurs en 2007, 4 milliards en 2010

Sans surprise, ce sont essentiellement la Chine et l'Inde qui alimentent le boom actuel des téléphones mobiles.

A lire ici: http://www.lalibre.be/article.phtml?id=3&subid=85&art_id=317344

David Leloup a dit...

L'UMTS est un échec. Les opérateurs se retournent aujourd'hui vers la TV hertzienne à la norme DVB-H sur GSM. Le Monde évoque une expérience pilote dans le métro parisien, mais ce n'est qu'un début.