mercredi 6 août 2008

Des vacances en avion, train, autocar ou voiture?

«Les avions modernes atteignent des consommations de 3,5 litres aux 100 km par passager. L’Airbus A380 et le Boeing 787 Dreamliner visent les 3 litres aux 100 – mieux qu’une petite voiture familiale!», claironne l’Association internationale du transport aérien (IATA), puissant lobby regroupant 230 compagnies qui représentent 93% du trafic mondial de passagers. Cela correspond «à moins de 75 grammes de CO2 par passager par km», renchérit Airbus, qui avance le chiffre de 2,9 litres pour son A380. Bref, à écouter l’industrie aérienne, la planète se porterait mieux si tout le monde prenait l’avion et laissait sa voiture au garage...

Le problème, c’est que le lobby des airs «oublie» quatre facteurs qui ont un impact non négligeable sur les chiffres qu’elle cite. Primo, le taux de remplissage des avions. Il est de 70% en moyenne. Or les chiffres de 2,9 à 3,5 litres de kérosène «aux 100 km par passager» sont en fait valables aux 100 km par... siège disponible dans l’avion! La nuance est de taille: si un A380 est rempli à 70%, la consommation réelle par passager doit être majorée de 1,2 litre aux 100 km, et les émissions de 32 g par km.

Secundo, le taux d’occupation des voitures. Sur les longues distances (celles sur lesquelles l’automobile peut concurrencer les long et moyen-courrier), ce taux est supérieur au taux moyen de 1,6 personne par voiture utilisé par les avionneurs dans leurs calculs.

Tertio, les chiffres de 2,9 à 3,5 litres ne sont valables que pour les vols long-courrier effectués par de très gros avions. L’immense majorité des appareils en compétition avec le transport terrestre (train, autocar, voiture) sont plus petits et volent sur de plus courtes distances. Leur rendement énergétique est donc bien moins bon que 3,5 litres aux 100 km par siège. Il n’est peut-être pas inutile de rappeler également que sur les quelque 17.000 avions qui sillonnent aujourd’hui la troposphère, on ne dénombre que... cinq A380. Le Dreamliner, lui, ne sortira pas des cartons de Boeing avant fin 2009.

Quarto, l’impact climatique des autres rejets que le CO2 est tout simplement ignoré... alors qu’il est, au minimum, équivalent au seul impact du CO2.

La seule étude indépendante qui compare différents modes de transport, sur de longues distances, en tenant compte de ces quatre facteurs, arrive à des conclusions bien différentes de celles de l’industrie aérienne.


L’impact climatique de l’avion est en effet de 5 à 10 fois plus important que celui de l’automobile sur un vol court-courrier (500 km), et de 2,3 à 6 fois supérieur sur un moyen-courrier (1.500 km). La palme revient néanmoins à l’autocar et aux trains Intercity (IC), qui sont les modes de transport contribuant le moins au réchauffement climatique. Les TGV, vu leur vitesse très élevée, ont un rendement environnemental moins bon que les IC. Ils «scorent» donc logiquement moins bien que ceux-ci.

9 commentaires:

Anonyme a dit...

"Le problème, c’est que le lobby des airs «oublie» " ...

Quinto : le plus souvent, pour trouver un lieu de villégiature -plage, hotel!!! -, les gens font 10 fois plus de distance qu'avec un véhicule terrestre. Conclusion ils polluent dix fois plus, c'est aussi simple que ça.

JL

Anonyme a dit...

Oui, tout cela est intéressant, mais avant de vanter les "bienfaits" du train, n'oublions pas, pour rester objectif, que les trains roulent à l'électicité. Cette électricité, elle est produite en France à 80% par le nucléaire (merci les déchets et le risque de destruction en cas d'accident nucléaire). Dans les autres pays, ce sont souvent des énérgies fossiles, donc qui produisent du CO2, qui sont utilisées pour produire l'électricité. Alors le train, mode de transport écolo, ça reste à démontrer, vous ne croyez-pas ?

David Leloup a dit...

@ Anonyme1:
oui il est vrai que les destinations exotiques sont en plein boom depuis 15 ans. L'Espagne et les autres pays développés proches de Bruxelles sont aujourd'hui beaucoup moins rentables pour les opérateurs touristiques qui se tournent dès lors vers l'Indonésie, les Seychelles, les Antilles...

David Leloup a dit...

@ anonyme2:
L'étude relatée ci-dessus utilise des chiffres "nuclear free", donc avec 100% d'énergies fossiles pour produire l'électricité. D'après ses résultats, c'est le train IC qui sort gagnant juste après l'autocar (même si on observe une grande variation dans les chiffres pour le train IC, variation qui dépend notamment de la distance entre le domicile et la gare, du mode de transport pour parcourir cette distance, du nombre de passagers dans le véhicule, etc.)
Quant au TGV, le graphique montre clairement qu'il peut être bien pire que la voiture.

Christian M. a dit...

Et vive les vacances zéro pollution :)

Truc, faites comme moi, venez vivre sur le Bassin d'Arcachon ! (Ou autre endroit bien, campagne, montagne, etc...) Rester à la maison ça peut être pas mal !!!

:) La vie est belle :)

Anonyme a dit...

Merci pour cet article intéressant.
Serait-il possible d'avoir la référence de l'étude que vous citez?
Merci d'avance.

David Leloup a dit...

@Gilles:
merci. L'étude s'ouvre automatiquement quand vous cliquez sur "seule étude indépendante" dans le paragraphe juste au-dessus du graphique. L'URL est:
http://www.ce.nl/eng/pdf/03_4360_09.pdf

Anonyme a dit...

La question de l'endroit (altitude)où est émis le CO2 n'est-elle pas également importante et en défaveur des avions?

David Leloup a dit...

@ anonyme:
oui l'altitude importe notamment parce que certaines émissions de vapeur d'eau et de particules se transforment en cirrus ou accroissent la formation de ceux-ci, lesquels amplifient l'"effet couvercle" à l'origine de l'effet de serre.
Plus d'infos ici:
http://www.cnrm.meteo.fr/ama2007/resumes/Resume_ferrone.pdf