jeudi 30 novembre 2006

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Le «plan média» des anti-Kyoto

Occuper l’espace, entretenir le doute

La tribune intitulée «Vers un totalitarisme écologique», publiée coup sur coup dans L’Echo du 16 novembre et dans La Libre Belgique du lendemain, offre un bel exemple de la stratégie médiatique d’une certaine industrie pétrolière: occuper le terrain et entretenir le doute.
L’auteur de ce brûlot anti-Kyoto (également paru dans le quotidien conservateur allemand Die Welt du 8 novembre), n’est autre qu’Edgar Gärtner, collaborateur de Science & Vie dans les années 80 et ancien rédacteur en chef de la revue allemande du WWF. Depuis 2005, Gärtner est employé par le Center for the New Europe (CNE), un think-tank ultralibéral connu notamment pour son «Bal du capitalisme» qu’il organise chaque hiver à Bruxelles.
Or le CNE est notamment arrosé par Exxon, «l’une des plus grandes compagnies pétrolières privées, très active dans le financement de la désinformation en matière de changements climatiques», comme l’ont rappelé hier cinq climatologues de l’université catholique de Louvain en réponse à Gärtner, dans une tribune dont on ne sait si le titre – «Effet de serre: ne nous trompez pas!» – s’adresse au lobbyiste d’Exxon ou aux médias qui ont publié sa prose. Certes, le quotidien du boulevard Emile Jacqmain avait averti ses lecteurs du financement pétrolier de Gärtner. Mais ni L’Echo ni Die Welt n’ont jugé bon de le faire...
Bilan de ce «plan média»? Primo, deux pleines pages «gaspillées» dans La Libre – la première en désinformation pure financée par une industrie rétrograde, la seconde en réfutation scientifique rendue nécessaire par la seule existence de la première. Secundo, un nuage de désinformation a asphyxié les lecteurs de L’Echo et de Die Welt, et tous ceux de La Libre qui n’ont pu lire la réplique des climatologues publiée 13 jours plus tard. Tertio, la nécessaire réflexion sur les actions concrètes à mener pour contrer l’effet de serre n’a pas avancé d’un iota. Pour Exxon, c’est l’essentiel.
Bref, on a ici un exemple éloquent de cette «censure invisible» que dénonce Pascal Durand, professeur au Département des arts et sciences de la communication à l’université de Liège, dans son bref et percutant dernier essai...

UPDATE 06/12/2006 :
Près de trois semaines après la parution dans
L’Echo du texte d’Edgar Gärtner, le quotidien des affaires publie ce jour la réaction des cinq climatologues de l’UCL (réaction déjà publiée dans La Libre Belgique du 29/11).

UPDATE 03/01/2007 :
Après
Die Welt, L’Echo et La Libre Belgique, c’est au tour des quotidiens Le Figaro et Les Echos de publier la prose d’Edgar Gärtner, respectivement dans leurs éditions du 26 et du 28 décembre 2006. Une fois de plus, sans aucune mention du financement du CNE par Exxon en 2003, 2004 et 2005 (170.000$ au total).

UPDATE 07/01/2007 :
L’association étasunienne Union of Concerned Scientist (UCS) publie un rapport très documenté (273 notes de bas de page!) sur les agissements d’Exxon en matière de désinformation climatique. Le rapport est en ligne et documente une stratégie que l’UCS apparente à celle suivie par les cigarettiers pour nier ou minimiser la nocivité du tabac sur la santé.
(Via M a n u & DeDefensa)

UPDATE 22/01/2007 :
Le Figaro a publié le 11/01 la réponse à M. Gärtner des climatologues néolouvanistes.

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samedi 25 novembre 2006

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Voler avec la fée électricité

J’ai déjà évoqué le «Lifter» de l’ingénieur français Jean-Louis Naudin, ici et ici. Je découvre à l’instant que ce pionnier du «Linux énergétique» a récemment reçu les honneurs du 19/20 de France 3. Rien de tel qu’une petite vidéo pour mieux cerner de quoi il retourne:

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jeudi 23 novembre 2006

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«Je ne peux plus m’en sortir seul»



200 visites d’huissiers à domicile, 30 procédures en cours... «J’ai dû me rendre à cette évidence: je ne peux plus m’en sortir seul». Face aux moyens colossaux de ses détracteurs – Clearstream, ses banques clientes, des autorités judiciaires françaises et luxembourgeoises –, le journaliste Denis Robert ne peut opposer que son énergie, ses livres et sa bonne foi. Mais ça ne suffit plus. Voilà pourquoi un groupe de soutien a été constitué pour l’appuyer moralement et financièrement dans ses multiples déboires judiciaires.

«Je manque de temps, d’argent, d’énergie pour répondre à chaque coup porté»
, concède désormais l’auteur de Clearstream, l’enquête. «Avec le gros temps qui se profile, les mises en examen qu’on veut me coller sur le dos, les nouvelles plaintes de Clearstream contre des interviews à la presse, les procédures au civil très onéreuses lancées à Luxembourg où je suis également mis en examen, cette initiative devenait indispensable.»

Selon Reporters sans frontières, Denis Robert est susceptible de se faire condamner à trois ans d’emprisonnement et à 375.000 euros d’amende, rien que dans le cadre de la récente procédure judiciaire lancée en France contre lui. «Si les professionnels de la presse doivent être poursuivis chaque fois qu’ils sont amenés à entrer en possession ou à prendre connaissance de documents qui n’étaient pas destinés à être rendus publics, c’est tout le travail du journalisme d’investigation qui pourrait être compromis», a notamment déclaré l’association de défense de la liberté de la presse.

Pour Robert, pas de doute: derrière cette énième procédure à son encontre se trouve évidemment Clearstream, par l’intermédiaire du cabinet d’audit Barbier Frinault (repreneur d’Arthur Andersen après le fiasco d’Enron), mais aussi «le Parquet de Paris et son représentant Jean-Claude Marin, le garde des Sceaux Pascal Clément et le Premier ministre Dominique de Villepin, forcément associés dans cette atteinte grave à la liberté d’écrire».

Cette semaine, Les Inrockuptibles publient un texte que Le Monde avait refusé, sous prétexte qu’il était diffamatoire. Le lecteur jugera...

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mardi 14 novembre 2006

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Ultramoderne spermitude

Gluant, blanchâtre mais surtout biologiquement sinistré: dans sa nouvelle campagne, Greenpeace vous révèle tout ce que vous avez toujours voulu savoir sur le sperme sans jamais avoir osé le demander. Avec en prime, pour appuyer le message, un pastiche d’une scène d’anthologie tirée du film quasi éponyme de Woody Allen:



En focalisant sa campagne uniquement sur les substances chimiques, en grande partie responsables du déclin de la qualité du sperme dans les pays industrialisés, Greenpeace est en phase avec ses références cinématographiques, mais en retard d’une guerre. Certes, le problème de la pollution chimique de l’environnement est plus que préoccupant, et les débats actuels sur REACH au parlement européen ne sont pas sans orienter les priorités de l’ONG environnementaliste en matière de communication (le vote de REACH, en seconde lecture, est prévu la semaine du 11 décembre). Mais la «pollution du sperme» de l’homo sapiens occidental est très vraisemblablement amplifiée par l’impact des champs électromagnétiques (CEM) émis par les téléphones portables et autres antennes relais de téléphonie mobile (GSM et UMTS), y compris les bornes DECT des téléphones sans fil domestiques, les réseaux WiFi et WiMax.

Effets aigus confirmés... et à long terme?

En effet, il y a quelques semaines, une étude turque faisait état de résultats préoccupants en la matière. Sa conclusion? La motilité des spermatozoïdes est influencée in vitro par les CEM (900 MHz) émis par un téléphone portable classique. Des résultats qui se basent sur les échantillons de sperme de 27 hommes sains (la moitié de chaque échantillon a été exposée aux CEM, l’autre moitié pas). «En plus de ces effets aigus, soulignent les chercheurs de la Gulhane Military Medical Academy à Ankara, une exposition à ces CEM sur le long terme pourrait entraîner des changements comportementaux ou structurels dans les cellules germinales mâles. Ces effets pourraient s’observer plus tard au cours de l’existence, et ils devraient être étudiés plus sérieusement.»

Mais ce n’est pas tout. Une étude étasunienne présentée fin octobre à la Nouvelle-Orléans lors de la réunion annuelle de la Société étasunienne de médecine reproductive, a également montré que plus un homme passe de temps au téléphone portable, plus on observe de problèmes en termes de nombre, motilité, viabilité et morphologie des spermatozoïdes. Cette recherche a quant à elle été réalisée sur 364 hommes qui consultaient, avec leur partenaire, des cliniques de fertilité dans la région de Mumbai, en Inde.

Brosse à dents de la mort

Le Dr. Ashok Agarwal, principal auteur de l’étude et chercheur au Centre de recherche reproductive de la clinique de Cleveland, un des meilleurs hôpitaux des Etats-Unis, a déclaré à la presse, en parlant du téléphone portable: «C’est comme utiliser une brosse à dents, sauf que cela pourrait avoir un effet dévastateur sur la fertilité.»

Malgré cette citation taillée sur mesure pour des médias avides de contenus «sexys», l’info qui la sous-tend n’a été reprise que par une fraction de la presse étrangère anglophone (anglaise, australienne, néo-zélandaise et indienne). Aux Etats-Unis, où 225 millions d’Américains utilisent un téléphone portable, ce fut un non-événement total, s’étonne Louis Slesin, rédacteur en chef de la lettre d’information Microwave News, lue par tout le landerneau «branché CEM». Silence radio dans la presse francophone également, sauf une brève de... 63 mots dans Le Vif/L’Express du 10 novembre. Google Actualités recense quant à lui une seule citation, dans un quotidien électronique français, spécialisé et payant.

Etonnant, tout de même, quand on sait que ces deux études sont déjà des réplications de résultats antérieurs, connus depuis 1999 (Slesin cite une étude australienne, une hongroise et une turque). Et qu’en juin 2006, le cap des deux milliards d’utilisateurs de GSM a été franchi, 12 ans seulement après l’introduction de ce joujou qui pulvérise tous les records antérieurs d’adoption technologique. Le tiers de l’humanité possède donc aujourd’hui un téléphone portable. Dont une grande majorité d’hommes.
D.L.


Un dossier sur la téléphonie mobile, l’influence des sources de financement sur la recherche scientifique en la matière, et l’étrange attitude d’un haut responsable de l’OMS dans ce dossier sanitaire d’envergure, est disponible dans la dernière livraison du magazine bimestriel Imagine. En vente dans toutes les bonnes librairies et en ligne au format PDF.

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samedi 11 novembre 2006

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Ségo, de gauche par ambition?

Ce rush du film La sociologie est un sport de combat de Pierre Carles, tourné en mai 1999, a déjà fait pas mal de buzz en France. Pierre Bourdieu y affirme que Ségolène Royal, alors qu’elle était encore sur les bancs de l’ENA, s’est «posé la question du choix entre la gauche et la droite en termes de plan de carrière». Elle aurait finalement choisi la gauche faute de places intéressantes à droite. Bourdieu s’appuye sur le témoignage d’un de ses anciens élèves, Remi Lenoir, qui a enseigné à l’ENA lorsque Ségo y usait ses tailleurs, et qui dirige aujourd’hui le Centre de sociologie européenne de l’Ecole des hautes études en sciences sociales (EHESS), à Paris.



Cet extrait est tiré d’une séquence de 11 minutes intitulée Gauche/Droite et diffusée en septembre par la chaîne associative et citoyenne Zaléa TV. On peut la voir dans son intégralité sur DailyMotion et YouTube.

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jeudi 9 novembre 2006

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Premier prisonnier politique en Belgique

Conséquence directe du 11-Septembre et de l’épidémie mondiale de lois liberticides qui a frappé la planète suite à ce tragique événement: la Belgique peut être «fière», depuis mardi soir, d’avoir condamné son premier prisonnier politique depuis la dernière guerre mondiale, Bahar Kimyongür, à 5 ans de prison fermes.
Sur son blog, le journaliste Mehmet Koksal fait un point nuancé sur ce jugement, qui concerne également d’autres militants du DHKP-C, cette organisation marxiste-léniniste turque radicale étiquetée «terroriste» par l’Union européenne. Outre bien évidemment, et à juste titre, le CLEA (Comité pour la liberté d’expression et d’association), la Ligue des droits de l’homme est scandalisée, tout comme Josy Dubié et Céline Delforge d’ECOLO, notamment. Curieusement, Amnesty international, qui se définit pourtant comme «un mouvement mondial de personnes qui luttent pour les droits humains», reste muette dans toutes les langues sur cette sombre affaire...
Je ne partage pas la vision marxiste-léniniste de la société défendue par Bahar Kimyongür et le DHKP-C, ni les opinions du philosophe français Robert Redeker, victime d’une fatwa outre-Quiévrain. Mais c’est une question de principe. Comme dit l’adage voltairien, «Je ne suis pas d’accord avec ce que vous dites, mais je me battrai jusqu’au bout pour que vous puissiez l’exprimer».

UPDATE 13/11:
Un intellectuel (vous savez, cette espèce en voie d’extinction...) s’engage sur ce dossier. C’est Jean-Marie Klinkenberg, prof à l’université de Liège, dans un mail collectif envoyé jeudi passé à de nombreux collègues. Extrait:
«Dorénavant, plus aucune personne désireuse de contester quelque chose dans notre pays, du moins de manière tant soit peu efficace, ne sera à l'abri : grévistes, syndicalistes, militants de tous poils, résistants, altermondialistes, objecteurs, sachez ce qui vous attend. Intellectuels qui analysez, citoyens qui prenez la plume, artistes qui caricaturez, terroristes vous êtes déjà, même si vous ne le savez pas.»

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mardi 7 novembre 2006

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Un métier formidable !

Dans le cadre de sa grande campagne Pigiste pas pigeon, l’Association des journalistes professionnels (AJP) fait le pari de l’humour et du marketing viral – par YouTube interposé, s’il vous plaît! – pour décourager les jeunes à se lancer dans des études de journalisme, mais aussi, plus généralement, pour sensibiliser les masses aux conditions hyper-précaires du «noble» métier de journaleux free-lance. Un clip de 2 minutes qui vous donne tout de suite le tempo de ce job d’enfer:



Cette vidéo, ainsi qu’une seconde, tournée à Bruxelles lors du happening urbain du 22 septembre dernier, a été réalisée par la société privée Gabal Productions. Question: les techniciens (caméraman, preneur de son, monteur...) qui ont réalisé ces vidéos sont-ils eux aussi pigistes? L’AJP ne le dit pas...

UPDATE 9/11:
Simone, de l’AJP, précise ceci: «A propos des professionnels qui ont réalisé les videos, les contrats ont été pris directement par Gabal prod., certains sont des pigistes, d'autres pas. Les tarifs sont des tarifs très corrects (on n'imagine pas le contraire !).»

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jeudi 2 novembre 2006

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Marginalisées

Margi Geerlinks, c’est des yeux de 36 ans marqués par un questionnement incessant, celui de la féminité et de l’identité sexuelle. Pour le plaisir du cortex, quelques clichés d’une expo d’il y a 4 ans déjà chez Aeroplastics, à Bruxelles. Hé non, ce n’est pas Dominique de Villepin qui joue à l’apprenti couturier...






Puce à l’œil: Hubert Guillaud d’InternetActu et Régine Debatty de We Make Money Not Art. Photos (c) Margi Geerlinks.

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