vendredi 15 septembre 2006

Non mais!



4 commentaires:

Anonyme a dit...

Félicitaquestion
Ce commentaire ne concerne pas ce message particulier, bien que je sois bien d'accord avec vous sur ce point.

J'aimerais d'abord vous féliciter pour ce blog très riche et enrichissant. Je n'en avais pas encore eu l'occasion, malgré mes nombreuses visites.

Plus spécifiquement, j'aimerais vous questionner sur le sous-titre de votre blog. Grâce à Wikipedia, je vois plus ou moins à quoi "pronétaire" renvoie, mais je n'en comprend pas le sens pour un journaliste. Cette notion condamne en effet, si je ne m'abuse, les "infocapitalistes", ou personnes qui font payer l'information qu'elles diffusent (journaux, journalistes...). Un "pronétaire" condamnerait donc le recours en référé des éditeurs de journaux belges contre le site "Google News", qui usait de leurs textes, les offrait gratuitement à chacun... De quoi ruiner le financement d'un site. Plus fondamentalement, et c'est une quesiton: le pronétariat prône-t-il un monde où l'information serait entièrement bénévole, au risque de devenir exclusivement amatrice?

Non que je sois contre - l'idée me séduit - mais où cela nous mènera-t-il?

Anonyme a dit...

@ Fred: le pronétaire condamnerait pt-être aussi Google News qui en concentrant le capital éditorial de centaines de fournisseurs de contenu sur sa plateforme génère un trafic bête et s'asure des rentrées publicitaires canon...

David Leloup a dit...

@Fred: merci pour les compliments et sorry de vous répondre si tard, je viens de passer une semaine chargée à «jouer» avec Flash, PayPal et Allopass pour tenter de générer quelques euros de revenus supplémentaires pour l’organe de presse qui m’emploie.

>>«Le pronétariat prône-t-il un monde où l'information serait entièrement bénévole, au risque de devenir exclusivement amatrice?»

Je ne suis pas le porte-parole du "pronétariat", concept sans doute un peu trop flou pour être réellement opérationnel (ça fait d'ailleurs un certain temps que j'envisage de changer le sous-titre de ce blog... n'est-ce finalement pas un peu prétentieux que de s'affubler d'une étiquette que personne ne comprend?). Mais en tant que journaliste, je suis convaincu depuis longtemps que la presse peut se tirer d'affaire à deux conditions: en s'ouvrant à ses lecteurs – via chats, forums, blogs de journalistes, rencontres physiques, etc. – et en leur offrant de la valeur ajoutée exclusive. Concrètement, ça veut dire plus d'enquêtes, de reportages et d'analyses. Les genres nobles du journalisme, en somme.
Car dans un monde complexe, en mutation, les lecteurs sont en recherche de sens. S'ils lisent Metro dans le train, ils trouvent très peu de sens mais une foule de faits. A la limite, au risque d'être un peu provocateur, j'ai envie de dire que les dépêches d'agence devraient servir à illustrer factuellement les analyses, les éclairages et les opinions des journalistes. Et non pas l’inverse, comme c'est actuellement le cas. Il me semble que ce profond changement de paradigme se produit partiellement aujourd'hui, dans la blogosphère principalement.
Problème: les genres nobles du journalisme sont les plus coûteux. Comment sortir de ce cercle vicieux? Personne n'a encore trouvé la réponse... Mais celle-ci passe nécessairement par l'expérimentation de nouveaux modèles économiques. Par exemple, si l'interface de PressBanking.be (le "Google de la presse francophone", une initiative d'EditEco, propriété de Rossel et De Persgroep) était plus attrayante et qu'on pouvait acheter rapidement en ligne des forfaits moins élevés, cela donnerait toutes ses chances à la piste du micropaiement à l'acte. Autre modèle qui fera peut-être des émules: celui de NewAssignment.net, qui vient d'ailleurs de recevoir 100.000 $ de Reuters...
La réponse passe sans doute aussi par des partenariats ponctuels ou réguliers avec des organisations de la société civile, des fondations d'intérêt public (même si ces structures ont un agenda qui ne manquera pas de transparaître dans les productions journalistiques – mais bon, il s'agit après tout d'un agenda au profit de la collectivité ou du plus grand nombre et non pas au profit d'intérêts privés particuliers).
L'augmentation et la meilleure répartition des aides publiques à la presse fait sans doute aussi partie de la solution. On paie bien une taxe pour la télé. Pourquoi pas une redevance pour la presse écrite afin de soutenir la "biodiversité" des titres et des opinions à l'ère de la "pensée unique" que tout le monde ou presque dénonce?
Bref, tout n'est pas perdu. Comme le résume The Mole en conclusion de son dernier post, «la presse, en somme, n'est pas prête de mourir. Elle renaît simplement sous d'autres formes, émergentes: une élite de quotidiens "sérieux" disponibles partout online, des journalistes indépendants adossés aux ONG non-marchandes, et des milliers de blogueurs et de citoyens-journalistes constitués en puissants réseaux.» Espérons que les acteurs de cette presse renaissante disposera des mêmes moyens de communication que la presse traditionnelle....

<<«Un "pronétaire" condamnerait donc le recours en référé des éditeurs de journaux belges contre le site "Google News", qui usait de leurs textes, les offrait gratuitement à chacun...»

Réponse dans un post qui suit...

<<«Le sens [du pronétariat] pour un journaliste»?

L’enjeu démocratique de l’information. Tout simplement. La technologie et l'essor d'internet, combinés, permettent à un nombre croissant de gens de s'exprimer, précisémment pour tenter de donner du sens au monde dans lequel ils évoluent. AgoraVox est une initiative historique, indépendante des médias traditionnels, qui fédère une partie du "pronétariat" et qui semble répondre à un vrai besoin sociétal. Du moins en France, terre de débats.

David Leloup a dit...

un autre modèle de financement, proche (dans sa forme) d'AgoraVox et (dans ses effets sur l'info - "populisme journalistique") de NewAssignment.net:
Citizenbay.com, un site d'informations locales étasuniennes et françaises, produites et éditées par ses utilisateurs et financé par la pub. Tarifs chinois au rendez-vous:

"Afin d'attirer les rédacteurs les plus affûtés, le modèle du micro-paiement utilisé sur Fotolia.fr devrait être appliqué. Ainsi, précise Techcrunch, "les 10 meilleurs articles" quotidiens seront rémunérés entre 1$ et 5$.

Citizenbay.com joue, par conséquent, sur plusieurs tableaux : le journalisme citoyen (les internautes font l'actualité) et le journalisme "à la performance" (seuls seront rémunérés les "meilleurs articles" en fonction du vote des utilisateurs du site).

Les internautes auront la possibilité de s'abonner aux informations proposées sur Citizenbay par le biais d'un flux RSS. A terme, les revenus seront générés par des publicités locales et des petites annonces intégrées au site. En France, Citizenbay compte parmi ses partenaires DailyMotion, site de partage de vidéos."

http://www.neteco.com/article_20060918183359_citizenbay_joue_la_carte_du_journalisme_a_la_performance.html